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1 février 2016

Sarah CLOUET - La Seconde République -

Fiche de lecture :

 

 

Titre de l’ouvrage : La Seconde République

 

Type d’ouvrage : petite encyclopédie

 

Nombre de pages : 127

 

Auteur : Philippe Vigier

 

Thème général : L’histoire du peuple français sous la IIe République

 

Sous-thèmes : La question économique de la France, la politique avec la présentation des partis et de ses personnages principaux, les prémices de la dictature et du Second Empire de Louis-Napoléon Bonaparte.

 

Autres ouvrages sur ce thème :

Henri Guillemin, La Première résurrection de la République, Gallimard, 1967.

Louis Girard, Naissance et mort : La IIe République, Calmann-Lévy, 1981.

Maurice Agulhon, 1848 ou l'apprentissage de la République. 1848-1852, Paris, Seuil, 1973 (réédité en 2002)

 

Autres historiens ayant travaillé sur ce thème : Théodore Cesar Muret, Francis Choisel (chercheur CNRS), Inès Murat.

 

Biographie de l’auteur :

Philippe Vigier a consacré la majeure partie de sa vie d'historien à la Seconde République, dont il demeure incontestablement l'un des meilleurs spécialistes.
Agrégé d’histoire à vingt-deux ans, il s'est d'abord intéressé à la région alpine, point de départ de multiples publications sur l’histoire de la province et sur le monde rural. Sa grande thèse sur la Seconde République dans la région alpine en témoigne. Par la suite, ouvrages, essais, articles, rapports présentés à des colloques se sont régulièrement succédé. Parmi ceux qui se sont adressés à un vaste lectorat on peut noter La Vie quotidienne en province et à Paris pendant les journées de 1848 et ses deux « Que sais-je », l’un consacré à la Monarchie de Juillet, l’autre à La Seconde République. Mais Philippe Vigier fut aussi administrateur et pédagogue. Après sa nomination à l’Université de Tours, puis d’Orléans, il se fixe à Nanterre, dont il sera le vice-président de 1971 à 1976, aux côtés de René Rémond. Il fut secrétaire de la Revue Historique, président de la prestigieuse Société d’Histoire de la Révolution de 1848, membre de la section permanente du Conseil national de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Il fut enfin membre dès sa création, en juillet 1987, de l’Association française pour l’histoire de la justice, et fut ainsi à l’origine du Guide des archives judiciaires et pénitentiaires.

 

Table des matières :

Introduction

Chapitre I – L’illusion lyrique et l’ « ère des bons sentiments »  (24 février - fin mars 1848) 1. L’établissement du Nouveau Régime et le ralliement général ; 2. L’illusion lyrique et ses limites : une révolution sociale ; 3. L’œuvre du gouvernement provisoire.

Chapitre II – La défaite des ouvriers et des socialistes parisiens (début avril - fin juin 1848) 1. La défaite par le bulletin de vote (avril 1848) ; 2. La défaite par les armes (mai - juin 1848)

Chapitre III – L’échec de la République bourgeoise et modérée (juillet 1848 – mais 1849) 1. Les difficultés de la République Cavaignac (juillet – octobre 1848) ; 2. Le vote de la Constitution et les élections présidentielles du 10 décembre ; 3. L’agonie de l’Assemblée constituante et les élections législatives (janvier – mai 1849)

Chapitre IV – L’Assemblée législative : une crise politique continue (juin 1849 – novembre 1851) 1. La lutte antirépublicaine et le développement de l’entreprise bonapartiste (juin 1849 – juin 1950) ; 2. L’essor du bonapartisme et la lutte contre le président de l’assemblée (été 1850 – novembre 1851)

Chapitre V – La France ce 1849 à 1851 : un malaise généralisé 1. La conjoncture économique et ses conséquences sociales ; 2. Le désarroi des esprits, et les essais faits pour le surmonter

Chapitre VI – L’établissement de la dictature bonapartiste (automne 1851 – printemps 1852) 1. Le coup d’Etat ; 2. La mise en place de la dictature bonapartiste

 

Bibliographie de l’auteur :

GIRARD Louis, La IIè République, Paris, Calman-Lévy, 1968

DAUTRY Jean, 1848 et la Seconde République, Paris, Editions Sociales, rééd. 1957

SANS Georges, Correspondance, t. VIII, IX et X (1847-1852), ed. G.Lubin, chez Garnier, 1971 à 1974

DE TOCQUEVILLE Alexis, Souvenirs et Correspondances avec G.Baumont, Œuvres complètes publiées chez Gallimard, 1964 et 1967

 

Deux citations à retenir :

« Et voici la Révolution Française qui recommence, car c’est toujours la même », Alexis de Tocqueville à propos de la Révolution de 1848. Il évoque notamment ici la révolution de 1830 avec le « toujours la même ».

« L’amour est plus fort que la haine », Pierre Dupont. Il parle ici de la révolution de 1848 fondée sur des principes démocratiques, de liberté et de fraternité.

 

Résumé général de l’ouvrage :

Cet ouvrage dresse une description des faits et événements qui ont construit la Deuxième République. En effet l’auteur y parle de ses origines et de sa construction puis de son déroulement sur trois années jusqu’à sa destruction. Le lecteur a plusieurs point se vues : économique, social, politique, religieux et culturel. Toutes les informations sont agrémentés de chiffres statistiques (sur les suffrages exprimés et la démographie notamment), mais aussi de carte  (chapitre 3), ou encore de nombreuses citations d’auteurs de l’époque). La seconde République commence de manière un peu brutale puisque c’est une révolution qui la mettra au monde. Le peuple français de l’époque souhaite de nouvelles avancées sociales et politiques puisque il renie la monarchie. Dans un contexte de crise  économique, de l’instabilité ministérielle et de profondes divisions dans le monde politique, le peuple français décide d’élire un certain Louis-Napoléon Bonaparte. Sur un panorama de deux ans et demi environ, Louis-Napoléon va peu à peu installer son propre régime de manière subtile pour laisser place à l’empire.

 

 

Résumé par chapitres :

 

Chapitre 1 :

Tout d’abord, il faut retenir que la république est le fait premier du peuple Parisien. Nous sommes dans un contexte où la France doit faire face à des difficultés économiques. Une révolution sociale se prépare.

Le 24 février 1848 Louis-Philippe abdique en faveur de son petit-fils. On crée alors un gouvernement provisoire.

Chez les politiques, certains souhaitent une révolution d’ordre social. On demande plus de droits dans le milieu du travail, on demande également de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires. De ce côté, on peut retenir plusieurs noms, comme Louis Blanc (qui est un historien), Flocon, Ledru-Rollin, Lamartine. Tandis ce que d’autres souhaitent véritablement une révolution politique, c’est-à-dire un changement de régime, un nouveau gouvernement et fonctionnement politique.

Lamartine devant l’assemblée, soulignera l’importance de consulter le peuple en matière de changement et de propositions politiques et sociales, lorsqu’on veut construire une République (car c’est lui qui en est le principal acteur). Le peuple acceptera une République sans terreur, fraternelle et pacifique, sans véritables classe.

 

La Révolution de 1848 a d’abord commencé à Paris comme en 1830. Dans cette partie l’auteur fera beaucoup de parallèles avec les événements de 1830. La révolution de 1848 peut être résumée de manière schématique : révolution politique -> spirituelle -> morale -> sociale -> création d’un nouveau monde.

C’est le peuple parisien qui débute le mouvement :

-il est soudé et on observe une carence de haine entre les protagonistes

-c’est une revanche sur la révolution de 1830 qui n’a pu aboutir véritablement

-Tocqueville décrira une absence de soldats, gendarmes, police et garde-civils dans Paris

-c’est le peuple portait les armes pour défendre les causes sociales

-on voit apparaître des clubs et de nombreux journaux (par exemple : le club de Blanqui « La société républicaine centrale »)

-s’émanciperont aussi durant ces événements, les femmes, elles créent elles aussi des clubs. On retiendra des noms comme Georges Sand, Eugénie Niboyet, Jeanne Deroin.

-on respecte également la liberté de religion comparé à 1830

Cependant, cette représentation n’est pas l’idéal non plus. Cette révolution est la cause d’un appauvrissement qui déclenchera pillages et violences entre bourgeois et classes populaires.

En ce qui concerne la province, la révolution est plutôt une affaire d’avocats, de médecins et de négociants. Les paysans et ouvriers quant à eux, ne voient pas autant l’aspect utopique qu’il y avait à Paris.

Ces événements seront les débuts de la remise en cause du capitalisme, notamment par les ouvriers de Lyon, Reims, Rouen et Lilles. On se révolte contre les patrons pour obtenir des augmentations de salaires mais aussi contre le monde ecclésiastique.

La révolte sera également de nature agricole puisque les petits paysans vont se soulever contre les plus grands exploitants et les bourgeois.

Tout cela aura des conséquences économiques puisque cela va engendrer une crise dans un premier temps monétaire et bancaire puis dans un second temps industrielle et commerciale.

Un gouvernement provisoire sera formé :

Lamartine : affaires étrangères

Ledru-Rollin : intérieur

Crémieux : justice

Goudchaux : finances

Carnot : instruction publique

 

Le 25 février création de la garde nationale mobile. Ce jour marquera le début de la révolution des 6 jours. Cela commence dans le domaine du bâtiment et des arts.

Le lendemain on crée les ateliers nationaux qui s’engagent à offrir du travail à ceux qui n’en avaient pas (avec comme directeur Emile Thomas).

Le gouvernement est libéral et démocrate. Des valeurs telles que la liberté de la presse, de conscience et de réunion sont à la disposition de tous. On retrouve l’égalité politique (suffrage universel) et civique. Les colonies s’émancipent et le 23 avril l’esclavage est aboli par Victor Shoelcher.

Pour terminer on éloigne tous ceux qui ont été corrompu sous Louis-Philippe.

 

Chapitre 2 :

Le 17 mars a lieu une grande manifestation ouvrière, et cette fois-ci désormais Ledru-Rollin, ministre de l’intérieur ne soutient plus les manifestants.

La France est victime d’une crise économique et financière. On crée donc pour y remédier l’impôt des 40 centimes de Garnier-Pagès.

Le 23 avril doivent avoir lieu des élections (les premières au suffrage universel en France). Est élu président de l’assemblée constituante le socialiste chrétien Buchez. Lamartine quant à lui est élu dans 10 départements. Ces résultats contentent la classe bourgeoise souhaitée par la majorité du gouvernement provisoire.

Alors qu’une masse d’ouvriers parisiens pénètrent dans les locaux de l’assemblée le 15 mai, Huber décide de dissoudre l’assemblée. On procède alors aux arrestations d’Huber, Blanqui et Barbès.

La révolte se poursuivra contre les ateliers nationaux où l’on observe peu d’évolution depuis leur création. Il y a à l’époque 115 000 ouvriers qui sont censés en bénéficier. Mais les révoltes semblent inévitables. Elles sont lourdes de conséquences : 1000 morts et 25 000 arrêtés (11 000 déportés).

 

Chapitre 3 :

La république bourgeoise ne parviendra pas à s’installer

Cavaignac président du conseil des ministres le 28 juin 1848

Cela constituera un régime parlementaire que Cavaignac dirigera jusqu’au 20 décembre.

L’assemblée a ce moment est composé essentiellement de républicains, Cavaignac ne parvient pas à s’allier avec les royalistes qui ne peuvent le tolérer. Sa personnalité ne continuera as d’être approuvée lorsqu’il réglementera les libertés de la presse et de réunion.

De leur côté les reformes économiques et sociales continueront de déplaire (en effet la journée de travail est limitée a 12h au lieu de 10h)

L’opposition au gouvernement Cavaignac ne cesse de grandir pendant les mois de septembre et octobre 1848, en effet il doit faire face à des difficultés économiques et sociales.  Les secteurs du textile, de la banque de la métallurgie et du bâtiment ont du mal à redémarrer. La politique extérieure de Cavaignac semble également critiquée. Elle est dirigée par Bastide qui ne réussi pas à gérer les tensions extérieure (Pologne / Autriche)

Le 17 sept ont lieu des élections partielles ou un certain Louis-napoléon Bonaparte remporte 5 départements.

Le 10 décembre les Français votent pour une nouvelle constitution (libérale et démocratique) et pour les élections présidentielles. Louis-Napoléon obtiendra 74.2% des suffrages exprimés, Cavaignac 19% et Ledru-Rollin 5%.

Entre janvier et mai 1849, Louis-Napoléon et le ministère Odilon Barrot procède a une lutte antirépublicaine. Le 20 décembre Cavaignac démissionne et Louis-Napoléon prête serment de fidélité a la constitution. Les ministres et le président se trouvent dans la nécessité d’affaiblir le parti républicain à l’assemblée comme dans le pays. Milieu décembre le ministre de l’intérieur Léon Faucher fait disparaitre tous signes républicains (bonnet rouge, arbre de la liberté…)

Avec les élections du 10 décembre sur 6 760 000 votants, les républicains n’obtiennent que 800 000 voies.

 

Chapitre 4 :

La crise politique continue. La République mise en place effraie car elle promet un empire que tout le monde redoute.

Va alors se développer une entreprise bonapartiste. Le 11 juin 1849, alors que le gouvernement attaque de nouveau les républicains romains, Ledru-Rollin interpelle l’assemblée et souligne une violation de la constitution qui rappelle que la France doit respecter les nationalités étrangères. Les journaux démocratiques, le 13 juin au matin s’en prennent donc au gouvernement de Louis-Napoléon. Cela déclenchera d’importantes émeutes que Ledru-Rollin n’avaient pas envisagées aussi violentes (bilan 230 morts et blessés). On retiendra comme villes principales actrices du mouvement Grenoble, Toulouse, Perpignan, Valence… Tout cela sera une excuse pour le gouvernement de restreindre les libertés. De ce fait, la lutte antirépublicaine va de nouveau s’accentuer (on restreint le nombre d’électeurs du suffrage universel). Mais les Républicains refusent toute forme de soumission et décident de résister.

Par ailleurs, Louis-Napoléon présente ses idées ambitieuses d’une politique de « conquête » de l’Europe. Il fonde également sa puissance sur les divisions des deux partis qui lui font concurrence.

 

Chapitre 5 :

Le peuple français, après des mois de tension et de violences qui ont eu pour conséquences une crise politique, économique, sociale et psychologique, n’a pas eu les bonnes réponses à ce qu’il attendait du nouveau gouvernement.

Une dépression économique aura lieu jusqu’à la fin de l’année 1851. Cela peut s’expliquer par un caractère contrasté de l’activité économique. Cependant certains secteurs réussiront à se relever (la grande foire de Beaucaire a toujours lieu par exemple). Les ports maritimes parviendront à reprendre leur activité. Le domaine qui réussira le moins à transpercer les difficultés demeurera l’agriculture qui ne cerne pas le renouveau (spéculation insuffisante, les prix baissent énormément et les récoltes rapportent peu, la modernisation des techniques de récolte et d’élevage n’a pas encore percé). Les conséquences qui s’en suivent sont donc sociales puisque les grands propriétaires sont obligés, à cause de leur appauvrissement de revendre leurs propriétés à de prix plus faibles qu’ils ne l’avaient acheté, ceux-ci jugent le gouvernement responsable. Mais les petits et moyens propriétaires qui avaient accumulé des dettes durant la Monarchie de Juillet, sont eux aussi victimes de cette crise. Cette situation sera en revanche niée par les partisans du prince-président qui souligneront les mesures prises en faveur des ruraux.

Démographiquement la France vit une période de stagnation voire même de recul puisque l’accroissement n’est que de 2.2% tandis que dans les années de 1841 à 1846 le taux était de 6.8%. Ces chiffres sont dus à la baisse de la natalité et surtout la hausse de la mortalité puisque la population doit faire face à une épidémie de choléra en 1849.

En matière de littérature, nous retiendront des noms comme Victor Hugo, Théophile Gautier, Gustave Flaubert avec le début de la rédaction de Madame Bovary. Karl Marx quant à lui reste encore peu connu en France.

Pour l’Eglise catholique et le monde moderne, les espoirs de réconciliation sont presque devenus impossibles. A cette époque la Franc-maçonnerie connaîtra un succès. *

 

Chapitre 6 :

Dans ce chapitre commence la mise en place de la dictature bonapartiste d’où découlera la période du second empire. Progressivement, Louis-Napoléon Bonaparte parviendra à faire de la république un empire. Il va supprimer de manière habile l’assemblée et renforcer toutes les institutions de sécurité intérieure (conserver le ministère de la guerre et la préfecture de police). Le coup d’état prend peu à peu forme. Dans la nuit de 1er au 2 décembre, le prince aura eu le temps de préparer le peuple français à un choix entre lui et l’assemblée (des personnes comme Thiers, Changarnier ou Lamoricière ont été arrêtés pendant la nuit) pour qu’il puisse rédiger une nouvelle constitution, l’assemblée ayant été dissoute un jour auparavant. Dès le lendemain, des barricades sont édifiées dans Paris, 20 000 hommes sont déployés. La province, quant à elle ne réagit pas immédiatement, mais répondra un peu plus tard à l’appel lancé des insurgés depuis Paris.

Pour faire accepter ce coup d’état, Louis-Napoléon utilise la propagande, et affirme avoir sauvé la société contre les révolutionnaires qui comptaient prendre le pouvoir en 1852.

Dès le lendemain du coup d’état une hausse des prix se fait ressentir, ce qui formera un argument de poids pour les électeurs du prince. Beaucoup de notables se laisseront convaincre de la compétence et des avantages du nouveau pouvoir (on exclu de ces notables Rémusat, Tocqueville ou encore Périer). Le 21 et 22 décembre, 7 145 000 français approuvent le maintien de l’autorité de Louis-Napoléon et lui délèguent les pouvoirs nécessaires pour établir une nouvelle constitution.

S’en suivra alors la persévérance de la lutte républicaine de la part du gouvernement qui décide de jeter en prison tout opposant républicain. Ceux-ci seront ensuite envoyés en Guyane ou en Algérie car Louis-Napoléon souhaite s’en débarrasser.

Désormais Louis-Napoléon peut construire sa politique sans opposants. Il affirme que pour que le peuple soit heureux, il faut que le pouvoir soit fort, et pour que le pouvoir soit fort, il faut qu’il ait la confiance du peuple. Le 14 janvier est donc promulguée la nouvelle constitution. Le président possède le pouvoir législatif mais aussi l’exécutif (comparé à la constitution de 1848). La république comprenait un président qui devient finalement empereur. Louis-Napoléon ne veut pas négliger l’aspect social et préfère rester éloigné des notables. Ce pouvoir réussi à être accepté puisque la situation économique retrouve son équilibre, la confiance s’installe.

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2 janvier 2016

Livre : Les protestants en France depuis 1789 de Rémi FABRE

30 décembre 2015

Etude du livre intitulé "La Presse à l'assaut de la monarchie" par Charles Ledré

22 décembre 2015

Gouedeux Nicolas. La politique de Chateaubriand.

21 décembre 2015

GABORIT Alexandre - WOOLF Stuart, Napoléon et la conquête de l'Europe, Flammarion, Paris, 1990.

couverture livre napoléon

WOOLF Stuart / CARLIER Jeannie et DETIENNE Isabelle, Napoléon et la conquête de l'Europe, Flammarion, Paris, 1990 ( BU Lettres - SHS, salle 21)

 

Présentation de l’œuvre :

Titre : Napoléon et la conquête de l'Europe

Auteur principal : Stuart Joseph WOOLF
a étudié l'histoire à Oxford et a enseigné à Cambridge, Essex, Columbia et à l'École des Hautes Études à Paris. Il est le spécialiste de l'histoire sociale, politique et économique de l'Europe de l'Ouest, en particulier de l'Italie. Il a également écrit sur la France, la famille et la pauvreté à la naissance de l'Europe moderne.

Autres auteurs : Jeannie CARLIER et Isabelle DETIENNE
traducteurs de l'ouvrage en anglais de Stuart J. WOOLF, Napoleon's integration of Europe

Éditeur : Flammarion

Lieu et année de publication : Paris, 1990

Collection : Histoires

Sujets :
└ Pensée politique et sociale au temps de Napoléon Ier, empereur des Français (1769-1821)
└ Guerres napoléoniennes (1800-1815) et mouvements de résistance en Europe
└ France, expansion territoriale (1789-1815)
└ France, relations extérieures (1792-1815)

Code de référence ISBN : 2-08-210950-X

Cote : 940.27 WOO

Lieu de conservation :
Bibliothèque Universitaire Lettres – Sciences Humaines et Sociales (salle 21), NANTES


Résumé :


      
Cette œuvre de Stuart Joseph Woolf retrace la conquête de l'Europe par Napoléon Ier, premier consul de France puis empereur au début du XIXe siècle (durant plus de 10 ans). Non pas en s'attardant sur la forme, c'est-à-dire les guerres napoléoniennes mais plutôt en explorant le fond, l’œuvre cherche à déterminer et comprendre l'ensemble du projet de Napoléon Ier, à savoir, étendre sur l'ensemble de l'Europe le système français tant sur un plan politique, qu'administratif, judiciaire ou encore social. Tout cela, afin de constituer une Europe « nouvelle, uniforme, modelée à leur image et les réactions des peuples conquis devant ce phénomène sans précédent ». À travers toute une série de témoignages de l'époque et de nombreuses données statistiques, cet ouvrage s'attarde, ainsi, à présenter le système napoléonien imposé (on parle dans le livre de « modèle »), non seulement en France mais aussi dans de nombreux pays d'Europe conquis (Prusse, Hollande, Piémont,...) et États contrôlés indirectement par la France (Westphalie, Naples,...). Stuart Woolf présente et analyse les différentes étapes de cette conquête, les moyens utilisés et la nature de ces derniers : économiques et surtout humains (officiers, magistrats, préfets,...). Face à cela, il montre les réactions des peuples et notamment une certaine « résistance inattendue à l'uniformisation et à l'autorité directive », due notamment à une identité culturelle forte dans chaque état. Mais, il démontre surtout à travers la pluralité des données et des exemples présentés, que le projet napoléonien reposant sur des idéaux spécifiques, a laissé un héritage plus que marqué de modernisation et de progrès certains encore présents aujourd'hui dans les sociétés humainement constituées : modernisation administrative, modernisation de la société, libéralisme... dont plusieurs dirigeants politiques s'inspirent pour la bonne marche de leur état.

Plan de l'Ouvrage :

Chronologie
Préface                                                                          p.7

Chapitre I : Les idéaux de la conquête sous la             p.11
Révolution et l'Empire

Chapitre II : Les instruments de la conquête                p.55

Chapitre III : Les pratiques de la conquête :                p.123
l'intégration administrative 
 

Chapitre IV : Les pratiques de la conquête                  p.193
l'exploitation

Chapitre V : Réponses à la conquête                            p.263

Épilogue : L'héritage                                                     p.337

Notes / Cartes / Index                                                    p.347

Compte-rendu de lecture :

Chronologie et préface :

     
Pour commencer cet ouvrage, l'auteur met à disposition du lecteur, une chronologie des événements importants liés à l'histoire de France et à la conquête de l'Europe par Napoléon Ier. Ainsi, du début de la Révolution Française de 1789 jusqu'à la défaite de Napoléon à Waterloo le 18 juin 1815, l'auteur présente les événements clés afin de permettre aux lecteurs de s'y référencer lorsque il évoque une situation, une date, une bataille et ainsi de bien avoir à l'esprit ce dont il est question. Il rattache à cela, une autre chronologie ainsi nommée « L'Europe sous la France », car l'enjeu de ce livre réside particulièrement dans le fait de comprendre et d'analyser comment évolue la France socialement, économiquement, administrativement, judiciairement parlant mais également de saisir cette organisation, dans les différents domaines évoqués, des états d'Europe sous l'ère napoléonien.

      L'auteur, comme dans tous les livres, joint également une préface dans son ouvrage afin de nous le présenter, de mettre en lumière l'ensemble des résultats de sa recherche sur le rapport entre Napoléon (la France) et l'Europe mais également afin d'introduire une certaine réflexion sur sa personnalité qui a toujours fasciné les historiens de par sa « fulgurante carrière » mais également de par l'ensemble de ses conquêtes de 1804 à 1815.
Woolf introduit ainsi « la vaste entreprise » de modernisation et de réorganisation administrative, juridique, sociale, économique et politique non seulement de la France mais également des pays annexés ou sous-contrôle de Napoléon de sa prise du pouvoir à sa déchéance ainsi que les limites d'une telle entreprise. Il met en avant dans cette préface les éléments de sa recherche et n'hésite pas à se remettre en question comme tout historien se doit de le faire, puisque, il s'est notamment appuyé sur « le travail des générations d'historiens dans toute l'Europe » avant lui en plus de sa propre recherche, au sens strict du terme. Il termine cette préface par remercier ceux qui lui ont permis d'effectuer ce travail colossal ou tout simplement ceux qui lui ont prodigué des conseils visant à l'amélioration et au perfectionnement de son œuvre (collègues, chercheurs, amis,...).

Chapitre I : Les idéaux de la conquête sous La Révolution et l'Empire 

Stuart Woolf commence chaque chapitre (comme l'ensemble des chapitres d'ailleurs) par plusieurs citations d'un personnage, d'un historien ou d'une figure historique, lié au sujet du chapitre abordé. Ainsi, pour introduire son sujet sur les idéaux de la conquête sous la Révolution et l'Empire, Woolf expose dans ce chapitre, une citation de Kaunitz (chancelier de cours et d’État des Habsbourg) dans une correspondance avec l'impératrice Marie-Thérèse (archiduchesse d'Autriche de 1740 à 1780) et une citation de Jacques Peuchet (membre du conseil de commerce au ministère de l'intérieur en 1803). Ce premier chapitre se décompose en plusieurs sous-parties.
      Woolf présente, tout d'abord, les français et leur vision de l'Europe. En effet, à cette époque, la société française d'Ancien Régime est « profondément rurale ».
Ainsi, il s'attarde dans cette partie, à montrer comment les « nouvelles expériences » napoléoniennes en France mais aussi et surtout dans les autres états d'Europe sont perçues par les paysans d'une part et d'autre part, par les élites provinciales. Il démontre, ici, que les informations sur les autres peuples d'Europe proviennent essentiellement des « migrants[...], des récits fantastiques » mais également des « récits de voyage et à la correspondance plus ou moins active » entre les personnes. Woolf s'attarde surtout sur les récits et les livres de voyages avec la publication d'ouvrages entre autres, comme le guide de L. Dutens, qui renseignent les français et donnent une certaine vision de l’Europe. Il soutient également que la propagande des philosophes mais également l'observation et l'expérience des pratiques ainsi que des méthodes en usage dans les sociétés sont également la source des visions françaises de l'Europe et un « atout précieux […] particulièrement apprécié par la classe politique révolutionnaire et qui facilite les carrières administratives » (manufacturiers, négociants, hommes d'affaires,...).
 
      Cette deuxième sous-partie voit Woolf se pencher sur le modèle politique de la Révolution. Il montre la certitude qu'ont les français « de l'excellence et de la supériorité de leur civilisation » depuis Louis XIV et que la Révolution conforte de par « le caractère universel des réformes qu'elle promeut ». Là encore, l'auteur s'appuie sur des exemples précis : les déclarations de Mirabeau et du
Courrier de l'armée d'Italie, s'inscrivent dans cette logique de puissance bienfaitrice et d'« autosatisfaction ». La Révolution « incarnant les idéaux d'une époque nouvelle, investis d'une fonction civilisatrice », porte ainsi comme il le montre, un modèle d'un « nouveau système de relations entre l’État et la société » auquel les pays soumis y sont directement affectés où le système représentatif est limité à « certains critères jugés convenables ». À partir de cet événement, on étoffe la fraternisation et l'unification de la société sous le modèle de la souveraineté populaire. Et enfin, on s'occupe des structures « institutionnelles, administratives, financières et judiciaires ». On croit ainsi comme le démontre Woolf, à une uniformité réelle sous l'Empire, forgée sur la « Raison » des Lumières.

 


     
Ensuite, l'auteur intègre l'expérience de l'expansion territoriale sous la Révolution. Il décrit l'évolution idéologique sous la Révolution, les réactions des principaux révolutionnaires pendant les différentes guerres : « Valmy », « Jemmapes », les désirs de l'Assemblée et ainsi comment la Convention (assemblée gouvernant la France de 1792 à 1795) s'adapte face à tout cela. Woolf montre ainsi les différentes aspirations territoriales des français, inaugurées par les Girondins (groupe politique sous la Révolution). Il souligne les différences autour de ceux qui soutiennent la notion de « frontières naturelles » et ceux qui soutiennes les « républiques sœurs » (États façonnées à l'image de la France). Il décrit les actions des français lors de l'annexion des états ainsi que les politiques (notamment la politique de restructuration de Napoléon), organisations et état des armées durant la période de la Révolution jusqu'à la fin des années 1790. 

      
Pour terminer ce premier chapitre, Stuart Woolf aborde ce qu'il considère comme le « centre de l'historiographie napoléonienne », à savoir la conquête de l'Europe associée à Napoléon. Il tente de définir l'idéologie ou la politique napoléonienne dés ses débuts, autrement dit, si l'idée de conquête sur les différents plans évoqué précédemment (administratif,...) était prédéfinie et à quelle ampleur elle tend à s'étendre en évoquant bien évidemment la politique napoléonienne de restructuration. De manière chronologique, il analyse, ici, les objectifs politiques et économiques de Napoléon qui se constituent en plusieurs étapes sans oublier de souligner les limites d'un tel projet, en évoquant la rivalité farouche de l'empereur envers l'Angleterre (le blocus continental qu'il imposa à l'ensemble de l'Europe de 1806 jusqu'à la fin de son empire visant exclusivement à ruiner l'Angleterre, puissance manufacturière et commerciale certaine à cette époque). Il évoque également ses relations avec les autres états d'Europe (comme celle entretenue avec le Tsar de Russie) en lien avec les victoires militaires en Europe de l'empereur qui constituent la « survie et la consolidation du système impérial ».

Chapitre II : Les instruments de la conquête

Stuart Woolf débute ce deuxième chapitre par une citation de Napoléon, lui-même, extraite des Mémoires du comte Beugnot (Paris,1866) qui est extrêmement révélatrice de sa mentalité à l'époque avec notamment cette phrase plus que claire : « ma confiance est plus solidement établie sur la sévérité de la règle que sur le caractère des hommes ». Ainsi, ce chapitre vise à identifier quelles sont les différents constituants (humains et symboliques) de la politique de l'empereur Napoléon Ier et notamment la constitution des administrateurs impériaux, où chaque responsabilité associée, émane de la capitale, en l'occurrence Paris, qui centralise les pouvoirs. Ce chapitre concentre comme le précédent, plusieurs sous-parties. 
      T
out d'abord, Woolf détermine le rôle important de Paris dans l'attribution des responsabilités dans l'empire napoléonien. Ce qui est alors sous-entendu, réside dans le fait que Paris, est lui-même symbolisé par Napoléon dans le sens où l'empereur est informé dans « les moindres recoins de son Empire » et centralise, à lui-seul, les pouvoirs et l'attribution de telle ou telle responsabilité (par cela, il a le pouvoir de blâmer ou de louer les administrateurs impériaux s'il obtient satisfaction ou non). Woolf montre, ici, que les responsabilités dans l'administration des territoires, dépend de deux critères principaux chers à Napoléon : « la spécialisation par fonction, et le statut du territoire concerné ». Dans cette partie, l'auteur développe ces deux critères à l'aide notamment d'exemples spécifiques. Ces deux critères étant eux-mêmes répartis dans des catégories, elles aussi développées par Woolf (constats et exemples). Tout cela étant géré à Paris (organisation décrite précisément) par Napoléon Ier, afin d'assurer le « maintien effectif de la domination française sur l'Europe ».

      Dans une deuxième sous-partie, l'auteur examine les mécanismes de l'occupation européenne de la France de Napoléon Ier, qui tire les enseignements de la décennie révolutionnaire, toujours dans une volonté de progrès. Woolf effectue une remontée dans le temps avec les quelques caractéristiques liées aux différentes régimes politiques que sont la Convention (1792-1795) et le Directoire (1795-1799), qui laissent place au Consulat de Napoléon (1799-1804). Pour chaque régime, l'auteur présente leur approche vis-à-vis des mécanismes d'occupation à l'aide d'exemples précis (datés et chiffrés) : les conflits ainsi que leur résolution sont explicités. Woolf démontre que les techniques d'occupation de l'Empire de Napoléon Ier s'inscrivent dans une totale rupture avec les précédents, puisqu'il s'agit d'un réel « art perfectionné ». Il s'appuie là encore sur des exemples concrets et montre la variété des méthodes d'occupation utilisées notamment par ses frères (Naples, la Hollande,...).
    

     Ensuite, Woolf présente l'univers des généraux qui sous-entend non seulement le personnel parmi les plus hauts gradés de l'armée de Napoléon mais aussi à travers cela, les intendants généraux et toute l'organisation de l'armée (spécifiquement dans les territoires annexés) dont le chef suprême et incontesté est Napoléon Ier. Woolf montre dans cette sous-partie le rôle centralisateur de Napoléon au sein de sa grande armée ainsi que les rouages de celle-ci en France et dans les pays conquis. Il se concentre sur ces derniers, en évoquant naturellement leur(s) fonction(s), leur(s) composante(s) au sein de la « grande entreprise » de Napoléon et surtout comment Napoléon les considère au sein de son « échelle de valeurs ». L'ensemble de l'administration militaire y est décortiqué minutieusement avec des données statistiques suivant les années et les pays en question, ainsi que des exemples pour caractériser telle ou telle fonction.

     Puis, Stuart Woolf évoque les diplomates, qui reçoivent leurs instructions du ministère des Affaires étrangères de Napoléon. Ils sont ainsi, les représentants de son autorité mais également de la France, au-delà des frontières. L'auteur montre les coûts que cela comporte, leur(s) rôle(s) et comment ils évoluent numériquement et au sein de la société. Woolf démontre qu'ils sont choisis par Napoléon et parfois « sans aucune expérience diplomatique », avec des perspectives de carrières au rôle « disproportionné » et, par conséquent, obtiennent des résultats assez « désastreux ». La plupart sont des généraux plus spécialisés dans le domaine de la guerre que dans les relatons internationales. Les diplomates sont considérés comme essentiels par l'empereur car ils représentent le « prestige de la France », selon Woolf et justifiant ainsi, le fait qu'ils soient plus rémunérés que dans les autres ministères à « grade égal ». Une comparaison révélatrice de l'auteur caractérise la pensée de Napoléon : « ils sont les pions d'un vaste jeu d'échecs […]des instruments de conquête qu'on peut jeter après usage ».

     L'auteur oriente sa recherche des instruments de la conquête, sur ce qu'il nomme « les grands commis ». Woolf expose la théorie de Napoléon selon laquelle il se devait « pour absorber les vastes territoires conquis », de nommer un personnel aux « compétences politiques et administratives toute particulières », autrement dit, des « responsables de l'administration civile des territoires occupés ». Ainsi, tout au long de cette partie, une étude est menée sur ces responsables. Comment ont-ils acquis leur poste ? Qui sont-ils ? Woolf répond à l'ensemble de ces questions à travers la présentation de véritables « experts dans l'art d'introduire dans ces régions nouvellement annexées les méthodes administratives françaises » aussi appelés « grands commis », qui transmettent leurs compétences et leurs savoirs « à la nouvelle génération ». Ce qui diffèrent de certains autres membres de l'organisation militaire (certaines responsabilités de gouverner un pays étaient confiées à la famille et à l'entourage proche de Napoléon).

     Enfin, Woolf s'attarde sur la réelle « incarnation » de ceux qui facilite « l'assimilation du modèle culturel français » dans les pays annexés, autrement dit, les préfets. Ils sont les symboles du système qui consiste à « façonner une Europe à l'image de la France ». Il définit qui ils sont, leur orientation politique, leur milieu d'origine,... Woolf démontre qu'il y a eu une évolution certaine dans l'attribution des préfectures. Petit à petit, Napoléon nomme de plus en plus de préfets (avec une expérience notoire) issus des pays conquis comme le souligne l'étude statistique de l'historien, un moyen pour l'empereur d'asseoir sa main sur
l'ensemble de l'Europe. De plus, l'auteur rappelle que les préfets sont « les plus exposés aux pressions de toute sorte » et constituent ainsi un rouage essentiel de l'administration de Napoléon.

Chapitre III : Les pratiques de la conquête : l'intégration administrative

Woolf commence ce chapitre par une citation d'Honoré de Balzac (écrivain français et journaliste) assez évocatrice là aussi : « Organiser est un mot de l'Empire ». En annexant les différents pays d'Europe, l'historien montre que Napoléon et les français se heurtent à des tensions et même des crises aussi bien sur le plan économique que sociale et particulièrement au niveau local : « les désastres de l'occupation », « les pressions exercées par la guerre », les prélèvements fiscaux toujours plus conséquents pour les pays annexés, autant de raisons qui mécontentent la population locale et qui motivent Napoléon à faire régner l'ordre. Ainsi, dans ce chapitre, Stuart Woolf montre l'instauration du système français d'administration comme garant d'une « société stable et moderne, libérée des scories du passé ».
     Tout d'abord, Woolf évoque la restauration de l'ordre dans les pays sous-influence française. L'historien montre que les administrateurs de l'Empire sont « appelés à marquer une rupture avec le passé » qui se caractérise de deux manières : le « démantèlement » des institutions administratives et politiques ainsi que les « divisions profondes » liées aux bouleversements politiques des années passées. Woolf développe ainsi tout cela à l'aide d'études de cas particuliers aussi révélateurs qu'utiles à la compréhension de la politique de Napoléon vis-à-vis des états annexés. L'empereur commande ainsi à ces administrateurs la conduite à adopter et les missions à accomplir pour la bonne tenue de l'état. Il rapporte également que chaque préfet se doit « de faire une fois par an le tour de leur département » et les charge de récolter des informations statistiques pour avoir une « bonne administration » comme il le souligne avec l'exemple de Naples ou encore l'exemple de la Hollande. Il montre également comment les administrateurs civils se comportent dans ces états où leur collaboration est considérée comme « indispensable ». Il s'attarde ainsi à marquer cette relation « entre occupants les occupés »qui, souvent, donnent lieu à des « difficultés ».

     Ensuite, Stuart Woolf révèle la politique de modernisation de l’État par Napoléon en remontant jusqu'au coup d’État du 18-19 Brumaire (9-10 Novembre) 1799 qui, dés les prémices, montre déjà les intentions de Napoléon Bonaparte et la volonté de modifier un système où la « souveraineté populaire » est littéralement « battue en brèche et manipulée » sous le Directoire. L'historien montre ainsi les changements au niveau politique notamment à l'échelle du pays mais aussi au niveau départemental, que provoque l'instauration d'une politique de modernisation des territoires et de l'administration ainsi que l'uniformisation de celle-ci, régies par un ensemble de lois. Ce sont ces lois, ces mesures prises par Napoléon que Woolf décrit dans cette sous-partie et qui constituent la caractérisation de sa politique, modélisée à travers l'ensemble des pays conquis : la réforme fiscale (les impôts), « pierre de touche de la modernisation de l’État voulue par Napoléon » ; la réforme juridique (le Code civil), « objet d'étude et d'admiration » ;... et ainsi comment elles sont perçues dans les pays annexés.

     Puis, Woolf expose la relation entre administration et société, les deux piliers de la politique de Napoléon en matière de modernisation et d'évolution de l’État. L'historien démontre qu'« une bonne connaissance de la société et de ses figures dominantes » est le gage des « effets positifs » sur l'administration. Il montre l'organisation des sociétés représentées par les élites au « qualités particulières », repérées par les enquêtes statistiques évoqués dans les sous-parties précédentes. Il souligne également les caractéristiques de la société : « ses ressources, son économie et ses structures institutionnelles ». Le lecteur a ainsi plus d'informations sur l'ensemble de ses fonctionnaires dont une bonne partie ont été évoqué précédemment (cf préfets,...) et surtout à quels problèmes ils sont confrontés.

     Stuart Woolf s'attarde, ensuite, sur les contraintes de l'espace physique et social. L'obligation qu'on les états à se référer au modèle français cause quelques mécontentements. De même, au début, l'imposition des réformes se fait « par un processus d'erreurs ». Cela se fait petit à petit par « l'exercice de pressions de plus en plus fortes ». Pour Napoléon, c'est surtout « l'occasion de profiter des avantages de l'admirable modèle qu'elle (la France) a créépur l'avenir sans avoir à supporter les douleurs de son enfantement révolutionnaire ». L'historien montre que le problème central réside dans « la nécessaire adaptation du modèle français » et du fait que Napoléon « refuse la manière douce ». Étant donné la « multiplicité des situations locales », les « causes de friction sont multiples ». L'auteur fait l'inventaire dans cette sous partie de toutes les contraintes et difficultés d'un tel projet : le manque d'expériences et de réelles capacités de certains fonctionnaires (l'auteur parle de « pénurie de gens du pays doués des mêmes compétences et de la même conscience professionnelle que les fonctionnaires français »), le refus d'accepter les réformes,...

      Enfin, Woolf montre les différentes contradictions de l'intégration. À l'image du concept
d’État qui évolue et change, l'auteur montre les différentes changements « dans la politique des dispositions institutionnelles imposés à la France et aux États satellites ». De plus, l'historien souligne le réel contraste « entre certaines règles constitutionnelles et les pratiques réelles ». Il présente ainsi ce que Napoléon nomme le « gouvernement libéral » en évoquant cette association entre l’État et la société. Un tel monde constitue son souhait et son ressenti le plus profond comme en Westphalie où Napoléon a pu « créer un État modèle », d'où le fait « de le voir insister sur les moyens qui permettent d'assurer un large appui dans la société ». Et ainsi, il liste les réformes de l'empereur, non en s'attardant sur leur contenu mais plutôt, sur la manière dont elles ont été transmises à la société ainsi que leurs conséquences.

Chapitre IV : Les pratiques de la conquête : l'exploitation

Pour débuter ce chapitre, Woolf met en avant une citation de Napoléon Bonaparte, extraite d'une lettre du 13 novembre 1807, adressée à Louis Bonaparte, son frère et roi de Hollande, et qui montre la véritable politique d'exploitation, émanant de Napoléon : « Les Romains donnaient leurs lois à leurs alliés : pourquoi la France ne ferait-elle pas adopter les siennes ? ». On voit par là, la pertinence de la citation, qui sous-entend les similitudes certaines entre Jules César (les romains) et Napoléon (les français) : une immense armée, les nombreuses conquêtes les caractérisant, une volonté de moderniser et de faire évoluer la
société (la civilisation) en apportant un modèle de développement ainsi qu'une uniformisation des pratiques et des lois sociétales. Ce chapitre se compose de plusieurs sous-parties.
     Tout d'abord, l'historien présente la politique économique de Napoléon, avec toujours une remise en contexte et un rappel des politiques antérieures. Il établit une véritable étude de la politique économique exercée par Napoléon sur l'ensemble du territoire et des pays annexés. Il montre ainsi la place de l’État qui « se voit contraint de jouer un rôle de plus en plus actif » comme le fait de soutenir « les manufactures françaises au dépens des anglaises » et présente l'objectif premier de Napoléon dans le domaine économique, qui est la création d'un « grand marché continental ». Il introduit, ainsi, la véritable « politique de discrimination douanière contre les produits anglais ». Après l'avoir définit, Woolf expose les conséquences (avantages et inconvénients) d'une telle politique économique notamment pour les économies régionales.

 


      Ensuite, dans la continuité de la sous-partie précédente, l'historien présente ce qui constitue le symbole d'« une guerre économique contre la Grande-Bretagne » : le blocus continental. Institué par les décrets de Berlin du 21 Novembre 1806 et de Milan du 23 Novembre, 17 Décembre 1807, cet aspect de la politique économique de Napoléon est décrypté : Comment il se caractérise ? À qui profite-t-il ? Quelles sont les conséquences économiques, sociales de l'isolement du commerce anglais ? Tant de questions auxquelles Woolf répond dans cette sous-partie avec une base de données statistiques conséquente afin de bien souligner l'impact de cette décision politique sur l'ensemble du continent européen. Tout cela à travers des exemples concrets de plusieurs pays européens : Italie, France, Allemagne,... et le respect de la chronologie des événements. Une telle politique qui s'avère avoir des « conséquences sociales négatives » entraîne des débordements, des révoltes, auprès des populations locales notamment, ce dont Woolf expose les faits en fin de partie

      Puis, Stuart Woolf évoque le phénomène de conscription. Pour tenir une armée aussi grande que celle de Napoléon, il faut évidemment mobiliser, parmi la population civile, ceux qui vont s'engager et constituer l'armée de l'empereur. Woolf démontre que la conscription est « une intrusion dans la vie privée et sociale ». Il montre la « composition sociale » de l'armée et analyse les différentes périodes de désertion et de menace de sa destruction, ainsi que les différentes informations nécessaires pour bien la définir (date de création, évolution,...). Tout cela, afin pour Napoléon de soutenir « l'application du nouveau système », qui laisse petit-à-petit, le soin aux « autorités communales le choix des enrôlés ». Cette conscription est détestée et les études de Woolf montrent cette réelle « hostilité » envers la conscription. Il montre également les résistances à travers « les variations régionales » regroupé dans une notion symbolique qu'est « l'insoumission ».

      L'historien après avoir évoqué les moyens de constituer son armée, évoque cette dernière au sens large du terme. Ainsi, il témoigne du sincère amour de Napoléon envers ses soldats (« Napoléon n'est jamais si heureux qu'au milieu de ses soldats ») et plus largement de la façon dont il la perçoit et des moyens qu'il met en œuvre pour sa bonne tenue : l'attention « particulière » portée aux officiers, le « rôle des écoles et des académies militaires » dans la formation pou les soldats et les officiers,... Il montre également comment les historiens, les politologues perçoivent cela.

      Enfin, Woolf aborde la question du privilège social. Il évoque le changement entre « l'aspiration à l'égalité sociale » né de la Révolution Française et « une nette division » entre les « travailleurs » et les « possédants » dans le Consulat et plus encore dans l'Empire où Napoléon nomme les membres de sa famille sur les différents trônes d'Europe, où les élites (riches) sont ceux qui s'occupent de leur pays, où l'esclavage est réapparut dans l'Empire,... La création d »une noblesse d'Empire n'en est que le symbole véritable d'une France et d'une Europe dominée par les élites au détriment des gens du peuple. C'est ce qu'on appelle le privilège social.

Chapitre V : Réponses à la conquête

Dans ce dernier chapitre, l'historien évoque deux citations. L'une est de Lareintz, intendant de Raguse, du 1er mars 1813 : « Nous avons à faire à des peuples trop ignorans, trop éloignés de la civilisation, et surtout trop pauvres pour espérer de pouvoir arriver tout d'un coup ». L'autre est du peintre Goya : « S'ils sont d'autre lignée... », extraite des désordres de la guerre. Cela caractérise la pensée de l'époque et la vision de la société où le peuple pauvre et non instruit était (pour employer le terme de Woolf) sous entière « exploitation » de ceux qui dirigent, les riches, les élites (la noblesse de l'empire). Ce qui suscite bon nombre de réactions (principalement au niveau local) et tendent les relations entre pays annexés et l'autorité de Napoléon.
      Tout d'abord, Woolf évoque la collaboration. Il montre ainsi que toutes sociétés, à cette époque, sont basées sur un aspect dichotomique : « il y a l'élite et il y a le peuple ». Il montre que la collaboration est un processus qui va se développer car l'administration à « d'autant plus besoin des élites » et les élites sont alors à même de comprendre le peuple. Tout cela, Woolf l'évoque à travers une étude de l'« analyse de la société qui prévaut dans l'administration napoléonienne », une étude du contexte et des motivations liés à la collaboration et comment elle se caractérise à cette époque ainsi que le rôle qu'elle exerce auprès de Napoléon.

      Ensuite, Stuart Woolf s'attarde sur les ouvertures économiques. Il expose le fait que les bouleversements politiques « perturbent les systèmes économiques établis » et tendent les relations sociales. Il évoque ainsi la « restructuration administrative » effectuée par Napoléon. Il aborde la notion de « propriété » qu'il caractérise à l'aide d'exemples, la notion de « biens nationaux », constituants un atout considérable surtout en situation de Blocus continental. Comment sont réparties ces propriétés ? Quelles sont leurs statuts au sein de la société ? C'est ce que Woolf développe dans cette sous-partie.

      Puis, l'auteur évoque la Religion. Il définit, d'abord, ce terme. Il évoque la place de la religion dans la société napoléonienne et la compare entre les pays. Il remet tout cela, dans le contexte de l'époque, avec les nombreuses divergences religieuses qui ont secoué la France notamment pendant la Révolution et démontre que l’État et l’Église ont été amenés à « plus de prudence ». Il évoque ainsi la situation du clergé durant l'Empire et son comportement dans le contexte de guerre. Il associe cette période à « d'intenses campagnes visant à ramener le peuple à leurs obligations religieuses » et encourage la « piété populaire ». Il finit par évoquer l'influence de la religion sur les différents groupes sociaux.

     Woolf va, ensuite, présenter les différentes pratiques sociales au sein de la société française et dans les pays conquis. Il analyse le processus de pratique sociale qui se caractérise en fonction des différentes parties de la société : c'est notamment à l'époque de Napoléon que se développent « le salon » parisien, terme qu'il définit et qu'il décrit. Il démontre ainsi dans cette partie comment « l'exportation des modèles français de sociabilité » fait-elle « partie intégrante du processus visant à hausser le niveau de civilisation dans les autres nations ». En cela, il analyse la manière dont le régime napoléonien est « déterminé à surimposer ses propres formes de sociabilité ».

     Enfin, l'historien examine les différentes résistances au modèle français et plus généralement à l'hégémonie française. Il montre très distinctement les différentes façons de résister à la volonté d'uniformisation de Napoléon en Europe sur le modèle qu'il a lui-même mis en place : luttes armées, adaptation par la collaboration (cf passage sur la collaboration)... Toutes les formes de résistances, Woolf démontre quelles sont sévèrement punies sous Napoléon ceux qui tentent « de harceler et de chasser l'occupant ». Il s'appuie sur des exemples concrets de répressions violentes comme celle d u Maréchal Murat pour réprimer les « désordres du Dos Mayo ». Des résistances qui comme le montre Woolf, profitent des guerres pour ajouter du désordre et rejeter l'autorité de l'empereur.

Épilogue : l'héritage 

     À travers cette dizaine de pages, Woolf détermine ce que tout contemporain et tout politicien a retenu de l'expérience napoléonienne. Il démontre ainsi comment par la suite certains individus vont s'inspirer de la volonté de prédominance française en Europe pour établir une gouvernance de longue durée à l'échelle locale, départementale, régionale ou même nationale. Par la suite, l'auteur montre que certains pays vont conserver le système napoléonien par peur de graves crises internes. Ainsi, à travers sa recherche, Stuart J. Woolf détermine que l'expérience napoléonienne a ainsi donné au monde entier une modernisation administrative certaine où chaque individu a son rôle et qui laisse encore des traces même chez les contemporains.

Critiques :

     Cet ouvrage constitue un travail colossal de la part de l'auteur : la bibliographie (plusieurs dizaines d'ouvrages répertoriés), la longueur du livre (346 pages, épilogue compris), la diversité des notions abordées (notes de pages extrêmement longues) font que cette œuvre s'inscrit parmi les grands répertoires historiques. Cet ouvrage forme, ainsi, une excellente base de données potentiellement utile aux historiens (dans la retranscription de l'histoire sous Napoléon) mais également aux politiciens (comprendre le fonctionnement de l'Empire), aux économistes (source de données économiques variées) et aux sociologues (comprendre les comportements dans l'histoire). Il est réellement intéressant mais il n'est pas mis en valeur dans le sens où l'absence de couleurs, d'images se fait ressentir. Il est, selon moi, trop centré sur l'aspect de la conquête administrative, sociale, juridique et politique. L'essentiel lorsque l'on étudie Napoléon réside pour moi dans la référence à ces conquêtes guerrières, volontairement évitées dans cette œuvre. Cela est donc décevant sur ce point.
Globalement, ce livre est pour moi trop long et reste assez difficile à lire à cause de cela. Mon ressenti général est donc assez négatif sur cet ouvrage.

Références bibliographiques sur le thème Napoléon Ier et ses conquêtes :

BELL David Avrom, La première guerre totale l'Europe de Napoléon et la naissance de la guerre moderne, Champ Vallon, Seyssel, 2007.

LENTZ Thierry,
La France et l'Europe de Napoléon (1804-1814), Fayard, Paris, 2007.

POLISENSKY Joseph,
Napoléon et le cœur de l'Europe, Prague Svoboda, 1971.

TULARD Jean,
Napoléon ou le mythe du sauveur, Hachette, Paris, 2002.




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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21 décembre 2015

(GAUTIER Guillaume) Le grand débat de l'école au XIXe siècle. Les instituteurs du Second Empire, NICOLAS Gilbert

FICHE DE LECTURE

 

NICOLAS Gilbert, Le grand débat de l'école au XIXe siècle. Les instituteurs du Second Empire, Belin, Saint-Étienne, 2004

Nantes, Bibliothèque Paul Blois, CO 240

 

Présentation de l'auteur

Gilbert Nicolas, né en 1949, est professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Rennes II et membre permanent du Centre de Recherche historique sur les sociétés et cultures de l'Ouest européen. Ses thèmes de recherches portent sur l'histoire de l'enseignement et notamment de l'enseignement primaire au XIXe siècle.

 

Table des matières

 

Introduction

  • L'école primaire à un tournant du Second Empire

  • Une grande enquête sociale du XIXe siècle

  • Les instituteurs et leurs représentations

  • Des sources à la méthode

 

Première partie

Un concours officiel pour « une bonne enquête » ?

 

I – De l'abstraction de l’État à la réalité de l'école

  • 1. Gustave Rouland : Un ministre « réparateur »

  • 2. Le monde peu connu de la haute administration

  • 3. L’État proche : l'inspecteur d'académie et le préfet

  • 4. Des représentants familiers : les inspecteurs primaires

 

II – La mise en œuvre du concours : l'exemple de l'académie de Rennes

  • 1. Au cœur d'un cycle anticlérical

  • 2. L'esprit ambivalent du concours

  • 3. Une incitation ambiguë à la participation

  • 4. La réponse d'une commune sur sept et de deux cantons sur trois

  • 5. Pour une évaluation équitable

  • 6. De la forme au contenu des manuscrits

 

III – Les témoins d'un corps éclaté

  • 1. Trois générations de maîtres

  • 2. De la diversité des formations et des statuts

  • 3. Des écarts de revenus

  • 4. Les instituteurs de l'Empire ou les instituteurs de l'Empereur ?

 

Deuxième partie

De la conscience d'un progrès à l'image Noire du quotidien

 

IV – Entre désillusions et espérance

  • 1. Trois décennies d'efforts inégaux en faveur de l'école primaire

  • 2. La rétractation des réseaux de formation

  • 3. Le développement de la presse professionnelle

 

V – La maison d'école contestée

  • 1. La lente soumission aux normes de l’État

  • 2. Les récriminations relatives aux locaux

  • 3. Les communes laissées à elles-mêmes

 

VI – La difficile scolarisation des campagnes

  • 1. L'obstacle de la distance et l'amputation du temps

  • 2. L'inertie pédagogique

  • 3. De la concurrence aux luttes scolaires

 

VII – Une représentation sociale dévalorisée

  • 1. L'auto-appréciation négative du statut

  • 2. Une sociabilité restreinte

  • 3. La sextuple dépendance

 

Troisième partie

Vers l'école idéale

 

VIII – L'école, sanctuaire de l'enfance

  • 1. Une nouvelle place de l'école sur le territoire communal

  • 2. La spécificité fonctionnelle et esthétique des locaux

  • 3. Le souci de l'hygiène

  • 4. Tables, tableaux noirs, le Christ et l'Empereur

 

IX – Une vocation redéfinie de l'école primaire

  • 1. Les interrogations sur la gratuité et l'obligation

  • 2. Entre la reproduction et l'émancipation

  • 3. De la restructuration du temps à la démarcation culturelle

  • 4. Le rejet ou la tolérance des langues régionales : l'exemple du breton

  • 5. L'humanisation des relations maître-élèves

 

X – Un statut plus avantageux pour une nouvelle image

  • 1. Des fonctions à la profession

  • 2. L'espoir d'une tranche de vie pour la retraite

  • 3. Pour un corps unique et solidaire

  • 4. Vers le soldat noir de l'Instruction publique

 

Conclusion

 

Compte rendu de lecture

 

Introduction

Dans son introduction, l'auteur explique tout d'abord que le 15 décembre 1860 a eu lieu le grand concours ministériel lancé par Gustave Rouland, le ministre de l'Instruction publique et des Cultes, et posant cette question aux instituteurs du second Empire : « Quels sont les besoins de l'instruction primaire dans une commune rurale au triple point de vue de l'école, des élèves et du maîtres ? » Cette consultation auquel de nombreux maître participe, l'auteur évoque 5900 instituteurs sur les 35 à 36 000 recensés, génère une précieuse masse documentaire sur l'école primaire du XIXe siècle qui est donc à l'origine de son livre.

L'auteur montre ensuite l'importance du Second Empire dans l'instruction publique. La première décennie de ce régime, malgré son aspect autoritaire, est importante en matière d'instruction publique avec de nombreuses lois. Il s'intéresse ensuite à l'enquête de 1860 et montre que la France n'est pas le seul pays en Europe à s'intéresser aux questions de l'école à cette période, c'est le cas notamment de l'Angleterre.  Le corps enseignant est lui très divisé géographiquement et socialement, beaucoup de maître exposent dans ses manuscrits leur difficultés mais ils en profitent également pour définir leurs école idéal.

 

Première partie

 

I – De l'abstraction de l’État à la réalité de l'école

 

Gustave Rouland  est nommé par l'Empereur ministre de l'instruction publique et des Cultes en 1856, il se fixe comme but d'améliorer le fonctionnement de l'Université et veut réduire « l'esprit de domination » de l'église catholique. Il lance des enquêtes comme celle de 1860 puis mène une politique de dépense gouvernementale, le budget de l'instruction publique augmente de 39,6% entre 1860 et 1866 (29 millions de francs en 1866). L’État cherche à s'imposer dans l'enseignement avec la nomination, le contrôle et la surveillance des instituteurs.

Entre le ministre et l'instituteur, il existe une « haute administration » que les maîtres ne voient presque jamais. L'inspecteur général de l'instruction primaire est le titre le plus élevé, il apparaît en 1852. L’État a la complète main mise sur ces inspecteurs qui sont le plus souvent des vrais professionnels de l'enseignement primaire et sont considérés comme des guides par les instituteurs par leurs ouvrages. Le recteur préside quand à lui le conseil académique qui décide de ce qui est relatif à l'orientation des cours comme le choix des livres.

L'inspecteur d'académie dépend du recteur, il y en a un pour chaque département de l'académie et est en théorie dépendant du préfet ainsi que du conseil général. Ils vont petit à petit s'affirmer et devenir autonome. La religion est souvent la cause des discordances entre ces deux administrations. Le conseil départementale à la charge l’indemnité des instituteurs, le préfet a lui à partir de 1854 des pouvoirs de plus en plus étendu sur les instituteurs, il les nomme et sont chargé de la discipline au sein du corps. Le préfet a donc un rôle très important dans l'école et sert parfois de médiateur entre les parties opposées des instances départementales.

Il existe également à partir de 1850 les inspecteurs primaires, il y en a en théorie un pour chaque arrondissement. L'auteur s'attarde ensuite à décrire cette profession en fonction du lieu d'exercice de celle-ci et évoque l'aspect médiateur et pédagogue de leurs professions.

 

II – La mise en œuvre du concours : l'exemple de l'académie de Rennes

 

L'auteur évoque la distanciation progressive de l’Église catholique et de l'Empire. En 1860 celle-ci tente d'enflammer les populations contre le pouvoir et certains évêques désertent les conseils académiques. Le clergé se range peu à peu du côté des légitimistes. L'Empire cherche à s'allier les instituteurs pour garder la main mise sur les communes rurales d’où l’enquête de 1860 qui montrent l’intérêt de l'Empire à leurs conditions.

C'est en effet la première fois que les instituteurs répondent eux-mêmes à une question de l’État. Malgré les différentes significations que porte le mot « concours », il est considéré plutôt comme une enquête. On voit bien dans les lettres des instituteurs le caractère exceptionnel que représente pour eux cette enquête.

Le « concours » est facultatif mais les supérieur hiérarchique informent et pressent les instituteurs de répondre. Celui-ci est court, 8 semaines, le ministre pense ainsi écarter les instituteurs les moins capables. Plusieurs instituteurs sont découragés par ce manque de temps et d'autres raisons comme la saison choisit, l'hiver, peu favorable à l'écriture.

Plusieurs tableau statistiques et cartes sont montrés dans cette partie. On apprend que la participation des maîtres au concours est de 17% en moyenne dans l'Ouest, là où l'auteur effectue ses recherches. La grande majorité d'entre eux sont des laïcs normaliens ou non, il y a peu de congréganistes.

Ces mémoires sont ensuite redistribués dans des arrondissements différents afin d'être évalués équitablement par les inspecteurs. Il en ressort que ces écrits sont critique sur le clergé, l'état des locaux d'autres sont jugés trop médiocre. 14,4% des mémoires de l'académie de Rennes seront envoyé à Paris mais aucun n'obtiendra l'un des deux prix nationaux.

Il y a beaucoup de différence dans la forme selon les manuscrits, notamment en ce qui concerne la méthode, le nombre de page. Certains, sur le fond, sont mesuré ils sont pour la plupart authentiques et honnêtes.

 

III – Les témoins d'un corps éclaté

 

Par leurs écrits, Nicolas distingue trois générations de maître différentes, celle de la Restauration, celle de la monarchie de Juillet et celle de l'après 1850. Les maîtres les plus âgés sont les plus engagé dans le concours contrairement au plus jeunes qui mesurent leurs faiblesses et se sentent inférieur à leurs collègues plus expérimenté.

L'auteur évoque les congréganistes et leur participation aux concours puis montrent les différences de passés scolaire et professionnels ainsi que les écarts  de formations des instituteurs du Second Empire, les normaliens et les congréganistes sont mieux préparer à faire face à une classe et son meilleur pédagogue que les autres instituteurs et jouissent d'une meilleur réputation. Leurs compétences varient également selon le diplôme obtenu, les instituteurs sont donc également très différent dans leur qualification.

La condition financière des instituteurs est diverse et aléatoire, certains gagne 5 fois plus que leur collègue alors qu'il n'enseigne qu'à une quarantaine de kilomètre l'un de l'autre (3000 francs contre 600). Leur situation économique varie beaucoup d'une commune à l'autre, le lieu est le critère le plus important bien plus que la formation ou le statut du maître.

35% des instituteurs montrent dans leurs écrits leur attachement à l'Empereur et ou à sa politique, ce sont pour la plupart des normaliens, les légitimistes représentent environ 10% des instituteurs enregistrés de Loire-Inférieur selon le préfet de l'époque, les autres sont jugés comme indifférent ou politiquement inclassable.

 

Deuxième partie

 

IV – Entre désillusions et espérance

 

Le concours demande aux instituteurs de se pencher sur le rôle de l’état dans l'évolution de l'école primaire. L'auteur montre que les écrits des maîtres louent surtout la monarchie de juillet et ses nombreuses lois en faveur des instituteurs et de l'instruction primaire, comme la loi Guizot de 1833. Sous le Second Empire ils ressentent de plus en plus l'action de l'administration que le régime a étoffée.

La loi Falloux de 1850 est perçut très négativement chez les instituteurs à cause de la fermeture d'établissement de formation de maître qui en résulte. À partir de 1850, les relations entre le maître et le pouvoir en place se tendent. Le niveau de formation des maîtres est abaissé dans les écoles normales.

L'auteur évoque ensuite le « journal des instituteurs » créé en 1858 et rédigé par des inspecteurs, des médecins et des enseignants qui permet à ces maîtres moins bien préparé que les générations précédente de recevoir de précieux conseil. Il est utilisé comme un véritable manuel de la profession par certains instituteurs. 

 

V – La maison d'école contestée

L'auteur nous montre ici que la législation à partir de la loi Guizot en 1933 va imposer aux communes de plus en plus de normes à respecter dans le domaine de l'école, notamment en 1858 (lieux, locaux, isolement)

Dans l'enquête de 1860, 64% des auteurs se plaignent des maisons d'école, ils évoquent des écoles trop anciennes, trop petites, l'absence de cour de récréation ou encore le bruit du monde rural et l’absence de « lieu d'aisance ».

L'endettement des communes est souvent considérable, le maître témoigne des réticences des autorités locales à dépenser alors qu'elles fournissent en moyenne 73% du financement pour la construction d'école. Celles-ci sont donc laissées à elles-mêmes.

 

VI – La difficile scolarisation des campagnes

Dans le monde rural, la fréquentation de l'école est tardive et irrégulière en raison du travail des enfants et de l'indifférence des parents. D'autre raisons justifies cet absentéisme scolaire comme la distance. En effet, l'école est souvent éloigné de plusieurs kilomètres de certains lieu d'habitation ce qui retarde l'âge de la scolarité qui commence généralement vers 8-9 ans. Le temps scolaire des élèves diverge également et est souvent restreint. Certains ne sont présent que 4 à 5 mois par an et ne restent pas jusqu'à la fin de la journée de cours.

La pédagogie est également une question difficile pour les maîtres qui ont une préparation insuffisante aux différentes méthodes d'enseignement. De plus ils doivent faire avec les différentes langues régionales et toutes les difficultés relatives à l'école de l'époque. Celle-ci ne parvient pas à remplir dans plusieurs cas sa double mission d'instruction et d'éducation.

L'auteur aborde ensuite les rivalités existent entre les congréganistes et les laïcs pour la conquête de l'école publique entre les années 1830 et 1860 ainsi que l'existence d'école clandestine. Cette concurrence est problématique pour les instituteurs laïcs et est sujet à polémique. Certains instituteurs profitent donc de l'enquête de 1860 et de la nouvelle politique impériale pour attaquer les congrégations.

 

VII – Une représentation sociale dévalorisée

 

Dans leurs définitions de la fonction d'instituteur-fonctionnaire, la plupart des fonctionnaires se dévalue dans cette enquête ce qui montre qu'ils jugent leur statut social peu élevé. En effet le maître est resté à l'écart de l'enrichissement de certaines catégories sociales, la plupart reste très modeste et se considère comme tel. Leur condition de vie et leur revenu ne diffère pas, pour la plupart, des ouvriers ruraux de l'époque.

De plus leur sociabilité est restreinte, certains reste célibataire (30% d'instituteurs laïc célibataire dans le Finistère) et leur faible revenue scolaire ne leur permet pas de se marier avec une femme de haut niveau social, de disposer d'une maison décente pour accueillir ou de bien s'habiller. L'auteur évoque solitude de ces maître condamné à voir toujours les mêmes personnes car ils n'ont pas les moyens d'avoir une vie sociale aisée malgré leur niveau culturelle plus élevé que la moyenne de la population et comparable aux notables.

Certains instituteurs se perçoivent comme le « valet du maire » du fait des fonctions annexes qu'ils exercent pour mieux vivre comme le secrétariat de mairie. L'auteur évoque également l'anticléricalisme chez les maîtres notamment chez les normaliens. Ils arrivent aussi que les percepteurs retardent le paiement des instituteurs ce qui montre leur dépendance. Enfin les instituteurs sont également dépendant des parents pour le paiement de la rétribution.

 

Troisième partie

 

VIII – L'école, sanctuaire de l'enfance

 

Les maîtres grâce à cette enquête vont pouvoir décrire leur école idéal, ils veulent en faire un « sanctuaire »  qui soit clos et résolve les problèmes évoqué précédemment.

Les instituteurs souhaitent une démarcation de chaque fonction de la maison d'école par des corps de bâtiments distincts. Ils  proposent donc au sein de leur « mémoire » des plans expliquant leur vision de cette école du futur.

Les instituteurs sont également très préoccupé par l'hygiène des bâtiments scolaire, pour eux leurs classe doit rester propre et répondre à des normes d'hygiène qui n'existe pas à l'époque. Se chauffer, s'éclairer ainsi que la nature du sol posent également problème pour certaines écoles.

Le mobilier de la salle de classe est également présent dans les écrits des instituteurs, les tables et les bancs sont mentionnés comme le premier mobilier à acquérir pour des écoles qui n'en disposent pas suffisamment à l'époque ainsi que le tableau noir qui n'est généralement pas assez large. D'autres éléments comme l'estrade ou la bibliothèque armoire sont cité.

 

IX – Une vocation redéfinie de l'école primaire

 

L'obligation et la gratuité est demandé dans certains mémoires d’instituteurs devant l’absentéisme des élèves, elle réduirait sa dépendance aux parents et enfant et permettrait de renforcer la position de l'école et donc de l’État.

Les instituteurs sont partagés sur la question du rôle social de l'école primaire. Une parties des maître ruraux pense qu'elle doit s'inscrire dans un processus de reproduction sociale et ne doivent donc communiquer que les connaissances de base (ils sont peu nombreux toutefois), d'autres demandent au contraire que l'enseignement dispensé soit étoffé et modernisé.

Les langues régionales sont également au cœur de cette enquête, 59,7% des écoles primaires du Morbihan n'utilisent que le français, plusieurs écoles de Bretagne utilisent à la fois le Français et le Breton. Les maître parte donc du Breton pour leur apprendre le français et rares sont les instituteurs qui affichent du mépris pour les langues régionales, ils souhaitent cependant avancé vers l'uniformisation de la langue nationale.

Les relations maître-élèves sont aussi exposé dans les écrits, l'auteur nous apprend que les instituteurs rejettent la soumission et les coups pour enseigner la discipline malgré les clichés, il montre au contraire leur occupation au bien être de l'enfant.

 

Conclusion

L'auteur insiste en conclusion sur le fait que l'enquête ne soit pas si représentative de la vie des instituteurs car elle n'en concerne qu'un seul sur six en moyenne. Les écrits de ces instituteurs sont inégaux dans leur qualité mais sont libre de propos et permettent de mieux cerner plusieurs points de l'école primaire au XIXe siècle. Ce concours en génère d'autres après lui et découle sur de nombreuses lois en faveur des instituteurs et montre que le Second Empire a apporté sa « pierre à l'édifice » à l'enseignement primaire.

 

Critique

J'ai trouvé cette ouvrage très intéressant de par sa richesse et le thème abordé. Il est plutôt facile à lire mais contient quelquefois trop de statistiques qui, je trouve, peuvent nuire à sa lecture et qui la rende à certains passage désintéressant pour le lecteur qui ne souhaite pas approfondir d'avantages le sujet. Le livre est long (336 pages) mais la police d'écriture utilisé n'est pas trop petites.

Je ne conseille pas ce livre pour la révisions des partiels étant donné le sujet très précis de l'ouvrage mais celui-ci peut être très utile pour des recherches en rapport avec l'école sous le Second Empire.

 

Bibliographie

 

  • ALBERTINI Pierre, L'école en France XIXe-XXe siècle, Hachette, Paris, 1992

  • DELSAUT Yvette, La place du maître. Une chronique des écoles normales d'instituteurs, L'Harmattan, Paris, 1992

  • FERRIER Jean, les inspecteurs des écoles primaires, 1835-1995, L'Harmattan, Paris, 1997

 

GAUTIER Guillaume

21 décembre 2015

GUILLET Réno - La vraie vie du capitaine Dreyfus, Greilsamer Laurent

FICHE DE LECTURE

 

  • GREILSAMER Laurent, La vraie vie du capitaine Dreyfus, Tallandier, Paris, 2014

 

Ouvrage disponible à la bibliothèque Paul Blois sous la référence suivante :CO 4257

 

Plan de l'ouvrage :

 

AVANT PROPOS

« L'affaire Dreyfus est une tragédie dont le héros est demeuré inconnu. »

François Mauriac.

  1. « Je suis le voyageur errant, passant d'un pays à l'autre […]. »

    Lettre d'Alfred Dreyfus à sa nièce Lucie, Carpentras, été 1892.

  2. « Plus tard, quand on racontera mon histoire, elle paraîtra invraisemblable. »

    Lettre d'Alfred Dreyfus à sa femme, le 14 février 1895.

  3. « Oui, je crois au triomphe définitif de la justice. »

    Propos d'Alfred Dreyfus, le 9 septembre 1899.

  4. « On ne fait pas de conciliation avec des adversaires de mauvaise foi. On les met en face de leurs crimes pour les mettre hors d'état de nuire. »

    Alfred Dreyfus, Carnets, chapitre XXVI.

  5. « Je resterai la victime jusqu'au bout. »

    Lettre d'Alfred Dreyfus à Mme Zola, 19 juin 1907.

 

Quelques lignes sur l'auteur :

 

Laurent Greilsamer est né en 1953 à Neuilly-sur-Seine. C'est un ancien élève de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille. Il a d'abord été journaliste au Figaro de 1974 à 1976 puis au Quotidien de Paris en 1977. La même année, il est entré dans Le Monde où jusqu'en 2011, il a occupé différentes places, allant de reporter, rédacteur en chef, directeur adjoint de la rédaction à directeur adjoint du quotidien de 2007 à 2011. Il est aujourd’hui directeur de la rédaction hebdomadaire Le 1 et enseignant à Sciences-Po. Il a écrit de nombreux ouvrages mais est surtout reconnu pour la qualité de ses biographies. En plus de celle sur Dreyfus, il a publié des livres consacrés à Hubert Beuve-Méry, Nicolas de Staël et René Char.

 

Avis de lecture :

 

La vraie vie du capitaine Dreyfus est une biographie agréable à lire et intéressante, du fait qu'elle lève le voile sur, ce qu'un contemporain peut appeler, la plus grande histoire d'injustice. Laurent Greilsamer manie une écriture à la fois riche et ponctuée, teintée de poésie et d'émotions qui rendent par moment l'histoire invraisemblable. Grâce à un gros travail de recherches reposant sur des sources, la lecture des extraits de correspondances entre Dreyfus et sa femme, ainsi que ce qu'il nomme Lettres d'un innocent et Cinq ans de ma vie maintient le lecteur en haleine, comme ça l'était pour Zola qui parlait de « sublime dans la douleur ». On ne peut qu'être émue et captivé face à cette histoire qui prend les allures d'une tragédie, bien que l'auteur élève Dreyfus en héro. De plus, le rythme des événements qui s’enchaînent épouse la dynamique de l'Affaire avec ses rebondissements et ses attentes. L'auteur parvient à mettre en exergue, la fatalité qui s'impose à Dreyfus, en y enveloppant le contexte dans lequel se meut le capitaine. En effet, le lecteur peut assister au fil des pages à un antisémitisme éclairée grâce au recours d'une presse historique saisissante. Il s'agit donc en quelque sorte d'une biographie « élargie », puisque les conditions des minorités juives en France – fin XIXème, début XXème - sont exposées au travers même de celui qu'on a condamné pour être juif.

 

Court résumé :

 

Issu d'une vieille famille de juifs alsaciens, Alfred Dreyfus grandi à Mulhouse. Marqué dans sa jeunesse par la guerre franco-prussienne, il décida d'embrasser la carrière d'officier pour manifester son attachement à la France. Ancien élève brillant de l'Ecole Polytechnique, il fut successivement promue lieutenant, capitaine, admis à l'Ecole Supérieure de guerre avant de devenir stagiaire à l'Etat Major de l'armée ; pour y être nommé véritablement à l'âge de 33 ans, où il est le seul juif. Sa vie pris un tournant le 15 octobre 1894, lorsqu'il fut accusé à tord d'être l'auteur d'un document dérobé à l'ambassade d'Allemagne, le « bordereau », annonçant la livraison de documents concernant la défense nationale. Son procès s''ouvrit alors devant le Conseil de Guerre de Paris, le condamnant à la déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée. Après avoir connu la dégradation miliaire, il fut ci-tôt embarquer pour l'île du Diable où son seul repos fut la rédaction de ses souvenirs et la correspondance avec sa femme Lucie. Pendant près de 5 ans – d'avril 1895 à juin 1899- il fut gardé en secret, tenu dans de très mauvaises conditions, traqué dans sa case alors qu'en métropole, sa famille menait campagne pour la révision du procès, aidée de nombreux intellectuels, dont Zola, qui au travers de « J'accuse » divisa profondément l'opinion publique. D'un côté, se trouvaient les « dreyfusards », hommes de gauche, anticléricaux et antimilitaristes, et de l'autre, les « antidreyfusards », nationalistes, conservateurs et antisémites. Le mouvement de protestation en faveur de la révision de son procès aboutie néanmoins à une annulation de sa condamnation par la Cour de Cassation en 1899. Pour autant, un deuxième procès s'ouvrit pour lui à Rennes la même année à l'issue duquel il fut condamné de nouveau, mais avec des "circonstances atténuantes". Le 19 septembre 19, il fut gracié par le président Loubet. En 1904, la Cour de Cassation déclara acceptable sa demande en révision du jugement de Rennes, puis deux ans plus tard, le jugement fut classé sans renvoi ; et la Chambre vota une loi le réintégrant dans l'armée, avec le grade de chef d'escadron. Le 21 juillet 1906 fut nommé Chevalier de la Légion d'honneur, puis plus tardivement à la direction d'artillerie parisiennes. Admis à la retraite l'an suivant, il fut mobilisé pendant la Grande Guerre puis retrouva à la fin du conflit les membres qui n'avaient jamais douté de lui. Éprouvé de sa longue période de déportation, ses jours d’innocence prirent fin le 12 juillet 1935.

 

 

Résumé complet par parties :

 

-I-

Alfred Dreyfus est né le 9 octobre 1859. Il est le fils du juif Raphaël Dreyfus, propriétaire de nombreuses filatures à Mulhouse, et de Jeannette Dreyfus. Il est le benjamin d'une série de sept enfants, qui sont respectueusement Jacques, Henriette, Louise, Léon, Rachel, Mathieu, et lui-même.

Il passe une enfance compliquée, c'est sa sœur aînée qui le prend en charge puisque sa mère n'en est plus capable. Alors qu'il devait apprendre le français par coutume dès ses premiers mots, il est contraint d'apprendre l'allemand à Carpentras lorsque l'Alsace est saisie par les prussiens en 1870 à l'âge de ses onze ans. Dès lors, il entend placer sa vie au service de la France, réparer l'affront de la défaite de Sedan, récupérer l'Alsace et la Lorraine. Après avoir intégré la prestigieuse École polytechnique en 1878, il entre donc à l’École d'application de l'artillerie de Fontainebleau pour deux ans, dans laquelle il est un sous-officier noté favorablement. Onze ans plus tard, il devient capitaine, et cavalier reconnu. Il se fiance durant l'hiver 1889 avec Lucie Hadamard, sœur d'un de ses camarades de promotion, puis se marie religieusement dans la grande synagogue parisienne de la rue de la Victoire, le printemps suivant à Paris où ils emménagent ensemble. En 1892, il sort de l’École supérieure de Guerre où il a obtenu le brevet d’État major avec la mention « Très bien ». Néanmoins, il connaît également à sa sortie la première preuve d'antisémitisme à son égard, de la part d'un général qui l'a volontairement saqué au motif « que les juifs n'auraient rien à faire à l'état-major ». A cause de cela, il sort neuvième au lieu de troisième. Heureusement, sa colère est calmée la même année, mais les juifs se trouvent en proie à d'autres injures, notamment avec le lancement de La libre Parole par Edouart Drumont. Les années qui suivent l'occupent au sein du Ministère de la Guerre où il est stagiaire - en grande partie, noté correctement - en plus de s'affirmer dans un cercle militaire et un cercle familial. Toujours dans la capitale, il élève avec sa femme Pierre et Jeanne nés respectueusement, en même temps qu'il s'initie à la rédaction d'articles pour des revues militaires. En juin 1894, il se lie avec le Général de Boisdeffre, autour de discussions militaires. De cette rencontre, il tire profit d'une correction méliorative des rapports qui lui étaient attribués l'an passé, annonçant ainsi une carrière prometteuse.

 

-II-

Le matin du 15 octobre 1894, Dreyfus se rend au cabinet du chef d'état-major général de l'armée où il est reçu par le commandant Ferdinand du Paty de Clam. Alors que Dreyfus entreprend la rédaction d'une lettre, sollicité par le commandant, ce dernier l’interrompt dans sa tâche et l'arrête pour crime de haute trahison. Le commissaire Cochefert lui présente les faits : il est « inculpé du crime de haute trahison au profit d'une puissance étrangère » suite à son voyage d'état-major en juin 1894 où il a pu prendre connaissance de certains secrets touchant la défense nationale et les livrer à l'ennemi. Bien qu'il essaye de se défendre, l'ordre de son arrestation a déjà été signée la veille de l'entretien par le général Auguste Mercier. Il devient le détenu 164, mis au secret dans la prison militaire du Cherche-Midi, à Paris, suivant les dispositions entreprises par le commandant général des prisons militaires, Ferdinand Forzinetti. Jusqu'au 30 octobre, il continue d'être interrogé sans relâche par du Paty de Clam qui est convaincu de sa trahison. Dreyfus est au plus bas, il a des signes de déséquilibre et parle même de se supprimer. Le Général de Boisdeffre, qui l'avait élevé en juin, lui tourne le dos, ce qui défavorise encore plus la posture de Dreyfus. Le 31 octobre, après avoir pris connaissance du « bordereau », la pièce qui l'accuse, le présumé coupable fait l'objet d'un rapport accablant remis au chef d'état-major général. Au bout de deux semaines de secret, le gouverneur militaire de Paris rend l'ouverture d'une instruction officielle confiée au commandant Besson d'Ormescheville. Après un moins d'enquête, un nouveau rapport conclut sa culpabilité. Le 5 décembre, Dreyfus apprend qu'il sera jugé le 19 du même mois, et écrit sa première lettre à Lucie depuis son arrestation. La famille de l'inculpé choisi Me Edgar Demange pour qu'il plaide en son innocence. Dans les lettres qui suivent, Dreyfus laisse entendre qu'il fait néanmoins confiance à la justice militaire. Le 19 décembre, Dreyfus est présenté au Conseil de guerre avec son avocat, il est prévu que le procès dure quatre jours. Celui-ci est présidé par le colonel Maurel. Le premier débat qui ouvre la séance impose à Dreyfus et son avocat le huit clos. C'est un premier combat perdu car ils estimaient au contraire que ce procès devait bénéficier de la plus grande publicité pour mettre fin à sa mise en secret. Bien que le débat tourne à l'avantage du capitaine, on lui reproche de s'être lié à la « femme Déry », une demi mondaine suspecte d'espionnage. Deux graphologues sur cinq affirment qu'il ne peut être jugé coupable, mais l'un des trois autres, Alphonse Bertillon – chef de service de l'identité judiciaire – prétend sa culpabilité. Le commandant Henry, qui travaille au service des renseignements du ministère, est appelé à la barre des témoins pour exposer, selon un informateur, qu'un officier du deuxième bureau s'était placé au service d'une puissance étrangère, ce qui vise directement Dreyfus. Malgré les accusations qui lui sont portées, le huit clos achevé, Dreyfus est persuadé qu'il va être acquitté et le lieutenant colonel Picquart juge un acquittement probable. La sentence tombe le 23 décembre. A l'unanimité, Dreyfus est condamné à la peine de la déportation dans une enceinte fortifiée et à la dégradation militaire. Jetant au commandant Forzinetti « Mon seul crime est d'être né Juif ! », Dreyfus est traîné à la prison du Cherche-Midi. Le 25 décembre, un projet de loi visant à rétablir la peine de mort pour le crime de trahison est déposé au Parlement. Les derniers jours de décembre, Lucie réussit à faire promettre à son marie de ne pas se supprimer et de surmonter la dégradation, en lui promettant de le suivre partout où il sera déporté, et de mobiliser tout pour rétablir son honneur. Le 5 janvier, Dreyfus est dégradé à 9h00 dans la cour Morland de l'Ecole militaire en présence de quatre milles hommes, qui sont les garnisons de Paris, et devant une foule de milliers de personnes qui réclament sa mise à mort. Le général Darras officie la cérémonie tandis qu'un adjudant accompli sa dégradation. Au lendemain, des auteurs comme Léon Daudet ou Maurice Barrès font preuve d'antisémitisme envers Dreyfus dans Le Figaro. On peut lire « Sa face est terreuse, épave de ghetto », ou bien encore « le lorgnon sur son nez ethnique ». Le jour même de sa dégradation, il est transféré à l'île de la Cité et il est emprisonné à la Santé. Communiquer avec son avocat lui est interdit, mais il lui est autorisé d'écrire à sa femme et de la voir deux fois par semaines en présence du directeur ; sans droit d'évoquer la poursuite incarcérale. Le 18 janvier, il arrive en gare de la Rochelle, reçu en traître et frappé par la foule, avant d'être transféré la nuit dans la prison de Saint-Martin-en-Ré. Dreyfus pense encore que la justice continue de chercher la vérité, sous les ordres du général de Boisdeffre et du général Mercier, ministre de la guerre. Le 22 février, il embarque dans une cage, placé à l'isolement, pour les îles du Salut où il descend à terre le 15 mars 1895, affaibli. Au bout d'un mois passé entre quatre murs, fenêtre rendue aveugle, il est finalement conduit sur l'île du Diable – au large de Cayenne - « une cellule à ciel ouvert » que Victor Hugo nomme une « guillotine sèche ». Il est pour la première fois obligé de revêtir l'uniforme de déporté et est confronté à l'isolement. Pour rompre la monotonie, il organise ses journées : travaille tôt le matin, puis apprend l'anglais grâce à un livre qu'il a conservé, mange peu, et écrit l'après midi. Le 14 avril, il entreprend le journal de ce qu'il nomme « son épouvantable vie ». Le 11 juin, il reçoit en paquet, après deux mois de suspend, toutes les lettres de sa femme qui répondaient aux siennes. Leur correspondance était surveillée, censurée et remontée au ministère de la guerre, qui ne retenait que les réponses de Lucie pour faire signifier à Dreyfus un abandon familial. Dreyfus s'en aperçoit et averti sa femme que leur correspondance est vouée à un décalage de plusieurs mois. Environ un an après son arrestation, Dreyfus traverse différentes phases de dépression, connaît de grosses fièvres qui le conduisent à des hallucinations, voyant même ses surveillants, eux-même atteints, quitter leur postes. Il tente cependant de tenir bon, sa famille le tient en vie. Début octobre 1895, il écrit une lettre au président de la République dans laquelle il transmet sa confiance envers la justice, dont le devoir est de l'innocenter et de lui rendre son honneur. Le 5 du mois, il reçoit le rejet de sa requête « Repoussée, sans commentaires », le rendant suicidaire, prêt à mourir. Il est victime de palpitations et de névralgies récurrentes, mais son positivisme face au « lot des âmes faibles » le rattrape et le sauve, comme il le transmet dans ses lettres à son frère Mathieu. A force d'obstination, il obtient des médicaments et au bout de six mois de déportation, reçoit enfin des provisions de Paris envoyées par sa femme. Face à une unième dégradation de son état de santé, il perd une seconde fois son identité et devient le code « 7478 », dans les courriers officiels du ministère des Colonies qui s'oppose à toute hospitalisation du déporté. L'été 1896 marque sa plus grande dépression : les surveillants le retiennent autour de sa case d'où il pouvait auparavant s'éloigner, puis pendant quelques jours, il est mis aux fers la nuit, obligé de dormir sur le dos. Le 10 septembre 1896, il tente le tout pour le tout en envoyant au président de la République son journal dans l'espoir que ce dernier lui ouvre les yeux sur l'erreur commise, bien que le destinataire final est sa femme. Privé de courrier provisoirement ci-tôt après, aucun retour lui est transmis. Il est confronté au supplice de la « double boucle » durant 2 mois. Il est également privé d'écrire et devient soumis à une autorisation de feu permanente. En novembre 1896, Paris expédie en Guyane tout le nécessaire pour assurer la conservation du corps en cas de décès. Suite à la réception d'une lettre de Lucie en décembre 1896 dont il reconnaît la censure et la réécriture, il lui répond, le 4 janvier 1987, que seul le gouvernement peut le sortir de son enfer, et du sien. Dans le même temps, le commandant Deniel prend la relève du commandant Bravard, responsable de l'ensemble des bagnes des îles du Salut et se montre particulièrement hostile à Dreyfus. Après deux ans de Bagne, il est debout mais affaibli, miné par la dysenterie, le manque de vitamines et la sous-alimentation. Il persiste à garder une activité intellectuelle pour ne pas perdre pied en perfectionnant son anglais, en lisant Shakespeare ou Montaigne, construisant des fiches de lectures, en s'exerçant aux mathématiques. En août 1897, il est enfermé nuit et jour dans une nouvelle case plus surveillée. Le 10 août 1897, il commence à rédiger son « testament moral », dans lequel il prépare sa femme à sa disparition. En novembre 1897, Lucie lui envoie ses premières lettres d'espoir, auxquelles il ne sait se conforter, pensant qu'il puisse s'agir d'une machination tentant à mieux l'achever. Début 1898, elle lui écrit « Quand cette lettre arrivera en Guyane, j'espère que tu auras reçu la bonne nouvelle que ta conscience attend depuis trois longues années ». Dans le même temps, cependant, sa sécurité et le renfort de l'île sont de plus en plus assurés. Il écrit des lettres aux grands personnages de la République qui n'arrivent jamais à destination. Au premier semestre 1898, Dreyfus est miné par le paludisme ; malgré cela, la consigne de ne pas l'hospitaliser est maintenue. En octobre 1898, cela fait un an que Lucie lui a fait part de sa confiance en la justice mais rien n'a changé, hormis l'effondrement progressif de sa personne. Ayant fait vœu de gréve de sa correspondance envers la France, le 27 octobre 1898, il apprend qu'il va recevoir une réponse définitive à ses demandes de révision adressées au chef de l'Etat. En proie à un physique qui le lâche, il retrouve néanmoins confiance. Le 16 novembre 1898, la Cour de cassation accepte sa demande de révision. Le sort de Dreyfus s'améliore, on lui autorise de sortir de sa case à des heures prévues. A la veille de l'année 1899, Dreyfus, privé de toute information sur son dossier depuis 4 ans, apprend - par le réquisitoire introductif du procureur général de la Cour de cassation – le nom du vrai coupable. Il s'agit du commandant Esterhazy, qu'il ne connaît pas, et apprend en même temps le suicide du commandant Henry - chef du service de renseignement de l'armée - qui l'avait désigné coupable le jour de son procès. Le président de la cour d'appel de Guyane vient l'entendre sur commission rogatoire le 5 janvier 1899 ; c'est la première fois que la justice vient à lui, pour l'entendre. Les mois s’enchaînent et Dreyfus oscille entre optimisme et désespoir. Le 5 juin 1899, le surveillant chef ouvre sa case et lui présente à Dreyfus une dépêche « la Cour casse et annule jugement rendu le 22 décembre 1894 Alfred Dreyfus par le Ier Conseil de guerre du gouvernement de Paris et renvoie l'accusé devant le Conseil de guerre de Rennes ». Le croiseur Sfax est chargé de le ramener en France. Après quatre années et quatre mois de séquestration sur l'île du Diable, il est à nouveau « libre » à 39 ans.

 

-III-

Alors qu'il s'imaginait un retour prodigieux, la traversée lui procure un sentiment de solitude et lui semble infini. Il accoste le 1er juillet à Port-Haliguen, face à la pointe de la presqu'île de Quiberon et à 6h00 du matin, le capitaine se retrouve dans une cellule de la prison militaire de Rennes où enfin il revoit sa femme Lucie. Après de belles paroles échangées, elle lui annonce que le procès en révision a été programmé pour le début du mois d’août. Le 3 juillet 1899, Dreyfus reçoit ses deux avocats, Me Demange, qui lui présente Me Fernand Labori pour une séance de travail improvisée pour traiter les débuts de l'Affaire. Dreyfus apprend que sa libération est en parti du à son frère Mathieu, puisqu'il a permis de trouver le véritable coupable. Il apprend aussi que celui-ci a été relaxé, bien avant la décision de réviser son propre procès ; et que le colonel Georges Picquart, qui cherchait à faire éclater la vérité à l’intérieur de l'armée a été emprisonné. De plus, il est mis au courant du renfort de l'opinion qui s'est portée de son côté, notamment de la lettre ouverte de Zola – adressée au président de la République - « J'accuse » dans l'Aurore le 13 janvier 1898, qui a valut à l'auteur une poursuite en diffamation et fait naître en écho le groupe pro-Dreyfus ; les dreyfusards. Dreyfus est confronté à l'effondrement de ses illusions qui élevaient la justice au rang de la vérité et découvre la trahison du Général de Boisdeffre, qui travaillait à sa perte. Chaque matin, à la prison, il reçoit des télégrammes et des lettres de soutien, provenant de la France, mais aussi d'autres pays d'Europe. Malgré cela, il est en mauvaise santé, et peine à circuler. Jour après jour, il se forge une lucidité aux travers des rapports que lui a confié Me Demange. Les îles du Salut, comme lieu de déportation, ont fait l'objet d'un projet de loi du ministre de la guerre, visant à les rétablir . A la veille du 7 août, jour de la révision du procès qui se déroule dans un lycée transformé en Conseil de Guerre, il est serein et confiant ; « l'armée ne peut pas se tromper deux fois ». Le jour-j, affaibli, il peine à clamer son innocence et le huis clos est proclamé, et dure plusieurs jours. M. Labori manque de faire poursuivre les généraux Mercer et Chaumoin pour production volontaire et concertée de faux concernant le dossier secret, qui prouvait selon la justice militaire, la culpabilité de Dreyfus. Le 12 août 1899, le procès reprend son cours en audience public. Le 14 août, alors que Me Labori se rendait à l'audience, une balle lui atteint le dos, mais heureusement, il est remis sur pied. Dreyfus se retrouve dans le même piège qu'en 1894, les témoignages sur lesquels il comptait le plus n'ont pas lieu et les apports nouveaux depuis sa première mise en condamnation n'ont pas d'effets positifs. Le 9 septembre 1899, le verdict tombé, il est à nouveau condamné. Le Conseil de guerre lui inflige dix ans de détention avec circonstances atténuantes, à une majorité de cinq voix contre deux et une nouvelle dégradation est votée. C'est un nouveau cauchemar qui s'empare de lui, et au même moment, la lutte qui oppose dreyfusards et anti-dreyfusards s'affirme. Le 12 septembre 1899, son frère Mathieu lui rend visite dans sa cellule pour lui faire part que le gouvernement est prêt à lui accorder grâce. Bien que Dreyfus refuse au début, réclamant uniquement justice, son frère le convint en lui assurant que cela est susceptible d'avoir un impact considérable auprès de l'opinion publique. Le 19 septembre 1899, la grâce est signée, Dreyfus sort de la prison militaire de Rennes le lendemain. Il rejoint Nantes, prends un train vers Bordeaux où il retrouve son frère, puis un autre à destination d'Avignon. La presse progressiste publie sa déclaration lue et relue datant de quelques jours « Le gouvernement de la République me rend ma liberté. Elle n'est rien pour moi sans l'honneur ».

 

-IV-

Aux environ de Carpentras, il se retire avec Lucie, chez sa sœur Henriette et son mari. Dreyfus retrouve ses enfants, Pierre et Jeanne, qu'il n'a pas vu depuis 5 ans. Sa santé s'améliore, il est apte à marcher plus longtemps et reçoit toujours beaucoup de courriers, ainsi que des invités de la grande intimité mais aussi les intellectuels des rangs des dreyfusards. En novembre 1899, le gouvernement entend faire voter une loi d’amnistie qui doit recouvrir la totalité des faits liés à l'Affaire, Dreyfus s'en prend au Sénat, réclame justice une nouvelle fois, mais cela se solde par un échec. En raison de recommandations faites par des médecins, liées a un climat défavorable pour une santé encore fragile, Dreyfus et sa famille, quittent la Provence pour s'installer à Cologny, dans le canton de Genève, mi-avril 1900. En Suisse, il reprend davantage de forces et décide de se concentrer sur la révision de son procès en découvrant des faits nouveaux imparables, bien que le président du Conseil ait déclaré « Il n'y a plus d'affaire Dreyfus » en raison de la montée anti-sémite en France. Le capitaine commence aussi la rédaction de ses souvenirs ; qu'il nomme Cinq années de ma vie. En septembre 1900, face à une rumeur qui affirme qu'il s'est exilé en Suisse pour fuir, Dreyfus et sa famille reviennent à Paris. S'installant chez son beau père, il fait l'objet de menaces et insultes de la part de ceux qui croient toujours en sa faute, pour lesquels « la grâce ne vaut pas un acquittement ». D'un autre côté, Dreyfus devient un objet de curiosité, notamment de la gente féminine, et se lie avec son « troisième avocat », Emile Zola ; au même moment qu'il rompt les liens avec Me Labori, qui lui reproche d'avoir accepté la grâce au dépit d'une cause politique « noble et collective ». Cinq années de ma vie paraît chez Fasquelle et le jeune écrivain Julien Benda publie une critique fascinante du portrait de Dreyfus, lequel à vécu les pires horreurs et les raconte de manière la plus objective possible. Dreyfus devient « jeudiste », c'est à dire qu'il participe tous les jeudi à des discussions politiques avec de grands intellectuels dans l’hôtel particulier de la marquise Marie-Louise Arconati-Visconti envers laquelle il témoigne de ses préoccupations sociales. A la mort de Zola, la préfecture de Paris tente de l'évincer de la cérémonie mortuaire de la nuit du 4 octobre 1900; heureusement il y assiste, selon l'accord de la veuve Alexandrine Zola. A partir de 1903, s'alliant avec Jean Jaurès, il réalise que la justice militaire est réellement tournée contre lui, s'adressant au ministre de la Guerre en concluant « ma seconde condamnation fut une réédition aggravée de ce qui s'était passé en 1894 ». Fin 1903 constitue un renversement : Le 24 décembre, la Cour de cassation émet un avis favorable à la révision du Procès de Rennes, se confrontant à l'usage de faux. Me Henry Mornard est choisi par Dreyfus pour reprendre l'étude du dossier du procès de Rennes au cours de l'année 1904. En ce début d'année, un policier informe Dreyfus qu'il est la cible visée d'un groupe anti-sémite, dit « la bande à Guérin » ; il est aussitôt mis sous protection. Le 22 juin 1904, il est entendu par la chambre criminelle de la Cour de cassation et l'instruction se termine en novembre. Le début de l'année 1905 voit une succession des rapporteurs de dossier de l'Affaire, certains vendu dreyfusards, d'autres déclinant leur fonction. Manuel-Achille Baudoin rédige un réquisitoire démontrant l'innocence du capitaine Dreyfus et la culpabilité du commandant Esterhazy, réfugié à Londres. L'année 1905 permet à Dreyfus de réunir ses amis autour de lui qui le conseillent. Le procès s'ouvre le 15 juin 1906, Dreyfus comparaît libre pour la première fois. Après une tentative de renvoi de dossier pour faire durer l'Affaire, qui visait précisément à ne pas l'achever, le 9 juillet 1906, la Cour innocente définitivement Dreyfus.

A son retour chez lui, il écrit de nombreuses lettres de remerciement envers ceux qui l'ont toujours soutenu tandis que la presse nationaliste fait montre d'un antisémitisme à la une de ses journaux : « Le triomphe des Juifs. Dreyfus est réhabilité » - La Libre Parole. Le 13 juillet 1906, Dreyfus réintègre l'armée en tant que chef d'escadron, puis, une semaine plus tard, il est nommé chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur par le général Gillain. Le jour de la cérémonie laisse percevoir la joie mais aussi les marques de plusieurs années difficiles à la vue de tous les présents.

 

-V-

Dreyfus est néanmoins déçu que le gouvernement oublie les années 1894-1906 puisque devenant tout juste commandant, il s'est fait distancer par tout ses camarades. Le 25 juillet 1906, il rend visite au président Armand Fallières qui lui témoigne tout son soutien. Mi-octobre 1906, Dreyfus reprend son service à Vincennes où il est commandant de l'artillerie de l'arrondissement de Sait-Denis pendant que les principaux acteurs de l'Affaire, comme le général Picquart devenant ministre de la Guerre, montent en grade. Face à un gouvernement ne le rétablissant pas au grade légitime, il demande donc sa mise à la retraite le 25 juin et la demande est officialisée dès le lendemain. N'étant pas resté suffisamment chef d'escadron, il est retraité comme capitaine seulement. Le 4 octobre 1907, il met un point final à la rédaction de ses souvenirs et décide finalement de les garder pour lui. Le 5 juin 1908, alors que Dreyfus assiste au transfert des cendres d'Emile Zola au Panthéon, son « ami des jour sombres », le sexagénaire Louis Grégory lui tire dans le bras. Dreyfus, soigné et reconduit chez lui, s'en sort indemne ; l'attentat loupé est perçu par la presse nationaliste comme « crime honnête » manqué. Le 10 et 11 septembre 1908 a lieu le procès jugeant Louis Gregori de la tentative de meurtre sur Dreyfus. Le criminel s'en sort acquitté, sous l'applaudissement des nationalistes qui crient à l'antisémitisme. Dreyfus vit ce jugement comme une troisième condamnation, qui lui fait perdre de nombreux proches, à l’intérieur même du cercle familial. L'été 1910 se voit comme la révélation d'un traître ami de Dreyfus : Charles Péguy, qui l'avait sacré héros au temps de sa déportation, le descend au jet d'encre dans une revue des Cahiers de la quinzaine. Bien que Dreyfus, conseillé par ses amis de la Ligue des droits de l'homme, décide de répliquer dans la Presse, aucun journal ne retransmet fidèlement ses écrits, tronquant les lignes pour le décrédibiliser. 1912 marque une nouvelle altercation antisémite devant l'immeuble des Dreyfus. L'été 1914 s’annonçait magnifique pour Dreyfus, sa fille Jeanne s'étant fiancée et son fils rentrant dans l'armée ; mais la déclaration de guerre faite à la France par l'Allemagne le conduit à reprendre le service. A 55 ans, il est affecté à l'état-major de l'artillerie du camp retranché de Paris alors qu'il réclamait un poste sur le front. En 1917, il obtient satisfaction et se bat à Verdun. Il est promu lieutenant-colonel de réserve en septembre 1918 alors que son fils devient capitaine. La guerre terminée, il revient discrètement à la vie civile ; ses meilleurs amis ont disparu, et se retrouve presque seul à subir encore en 1920, les frais de ses ennemis permanents «La culpabilité de Dreyfus ne se discute pas : « Dreyfus est juif. » ». Durant l'été 1927, Dreyfus signe une pétition contre la condamnation de deux militants italiens, Sacco et Vanzetti, accusés de hold-up violents et de menées terroristes aux Etats-Unis, refusant l'idée d'une peine de mort alors que règne l'incertitude sur la culpabilité des deux hommes. Après son dernier déménagement avec sa femme, Dreyfus voit mourir son frère aîné Mathieu, envers lequel, il dit lui-même, « Je te dois tout ». En 1931, une pièce de théâtre retraçant l'affaire Dreyfus se voit ne plus être jouée en raison des troubles qu'elle suscite. Dreyfus voit ça comme une unième attaque contre lui, mais sa famille est sa défense. Fin 1934, il se fait opérer en Suisse, son état ayant empiré et le 12 juillet 1935, il meurt d'une longue maladie à l'âge de 73 ans. Le 14 juillet, il est enterré au cimetière Montparnasse, après que son cercueil ait traversé deux haies de gardes républicains sur la place de la Concorde.

 

 

Références bibliographiques qui traitent de la même question :

 

  • BIRNBAUM Pierre, L'Affaire Dreyfus, la République en péril, Gallimard, Paris, 1994

  • BREDIN Jean-Denis, L'Affaire, Julliard, Paris, 1983

  • DROUIN Michel, L'Affaire Dreyfus de A à 77, Flammarion, Paris, 1994

  • JOLY Bertrand, Histoire politique de l'affaire Dreyfus, Fayard, Paris, 2014

  • SOLET Bertrand, Il était un capitaine, Le livre de poche, Paris, 1979

 

21 décembre 2015

MARTIN Inès - La monarchie de Juillet, Gabriel de Broglie

 

Référence

 

Gabrielle de Broglie, La monarchie de Juillet 1830-1848, Paris A. Fayard impr, 2011

ISBN : 978-2-213-66250-3

Bibliothèque : BU Lettres – SHS

Emplacement : SALLE 21

Cote : 944.063 BRO

 

Biographie de l’auteur : Gabrielle de Broglie

 

Né le 21 avril 1931 à Versailles Gabrielle de Broglie est un historien français membre de l’Académie des sciences morales politiques et depuis 2001 membre de l’Académie française, élu au fauteuil numéro 11, successeur d’Alain Peyrefitte. C’est le cinquième « immortel » de sa famille, il a été élu chancelier de l’Institut de France en 2005 succédant à Pierre Messmer. Pendant dix-huit ans, Gabriel de Broglie se consacre à l'audiovisuel. Il est successivement directeur-général adjoint de l'ORTF (1971-1974), directeur général de Radio-France (1975-1979), président de l'INA, membre de la Haute Autorité de l'audiovisuel et membre de la Commission nationale de la communication et des libertés. Comme historien, il publie des biographies et des études sur l'orléanisme et le XXe siècle. Comme essayiste, il donne des témoignages sur ses activités, le Conseil d'État, la télévision, la langue française.

Passionnément bibliophile, il préside, depuis 1980, la Société des bibliophiles François et a été élu, en 2003, membre du Roxburghe Club de Londres. Il participe également, depuis 1981, aux différentes instances de la langue française, Haut Comité (1981-1982), Conseil supérieur (1984, 1986, et depuis 1999) et présidence de la Commission générale de terminologie et de néologie (1996-2006).

Les ouvrages de Gabriel de Broglie ont été couronnés par l'Académie française, par le prix des Écrivains combattants, par le prix Vauban, par le premier Grand Prix Gobert pour Madame de Genlis, et par le prix des Ambassadeurs pour Guizot.

 

Résumé du livre

 

Le changement dynastique n'est que l'un des effets de la révolution de 1830. Les Trois Glorieuses et la monarchie qu'elles engendrèrent, portées par les parties les plus dynamiques de la société (gens de plume, artistes, entrepreneurs, jeunesse étudiante), par l'impressionnante galerie des « hommes nouveaux », par la frange la plus éclairée de l'aristocratie et des catholiques, ne sacrifièrent guère à l'utopie. La volonté d'implanter en France des mœurs et des institutions libérales était un projet solide, réaliste, conçu pour l'avenir. C'est lui qu'il faut créditer du progrès des libertés, du développement économique, du maintien de la paix au prix de quelques déconvenues et même de l'exceptionnelle floraison romantique.

      Si ces avancées, cette acclimatation au parlementarisme, cet enrichissement , certes bien inégalitaire, du pays ont fini emportés par le torrent de 1848, c'est en partie parce que les équipes dirigeantes, à l'épreuve du pouvoir, n'ont pas bien su accompagner le projet : défaut d'imagination devant l'événement, routine, rivalités personnelles, aveuglement ou sincérité douteuse du roi, scandales, résistance au changement, particulièrement en matière sociale, tout est venue pervertir et gauchir une construction qui aurait peut-être assuré à la France un avenir meilleur.

 

Résumé des chapitres 

 

Première partie : La fondation 

 Le premier chapitre « Juillet » est composé de trois sous parties respectivement nommées « Les journées », « La Révolution en France et en Europe » et enfin « L’esprit de Juillet ». La première partie souligne qu’au début 1830, tout comme en 1789, rien ne laisse prévoir que l’année va marquer la chute des Bourbons. Mais cela va être différent puisque comme à l’habitude tout se construit sur un fond de crise et de provocations enchainant un geste provocateur du pouvoir qui va créer une réaction de protestations où à l’inverse une provocation des opposants qui va créer une réaction du pouvoir. La fin 1830 de Juillet 1830 se déroule donc selon trois processus différents mais liés. Le premier qui appartient à l’histoire de la Restauration, le deuxième au cycle des révolutions et le troisième qui dévoile au grand jour une légitimité alternative, c’est à dire l’orléanisme. S’ensuit les ainsi les fameuses journées des Trois Glorieuses qui s’effectue en plusieurs temps. Tout d’abord Charles X en publiant des ordonnances restrictives et non conformes à la Charte va déclencher l’acte provocateur du pouvoir. Le 27 juillet est la journée du soulèvement, la première des Trois glorieuses que Charles X ne prend pas vraiment au sérieux. Mais c’est dans la nuit alors que le général Marmont fait rentrer les troupes aux casernes que les évènements du lendemain s’organisent. En effet après avoir pillé les armureries l’insurrection parisienne se généralise. Mais Charles X reste impassible et le soulèvement prend donc succès. Le 29 juillet le pouvoir recule et on dénombre 800 tués  et 4 500 blessées. Les journées suivantes ne sont qu’un amoncèlement de défaites pour le pouvoir. Le 30, @Louis-Philippe est réclamé au pouvoir et le  31 juillet Louis-Philippe et Lafayette fond une accolade à l’Hôtel de Ville. Les trois journées suivantes signe la chute de Charles X. La deuxième partie insiste sur le fait que la Révolution est de retour mais pose un obstacle sur le fondement de celle ci. Va t’elle plutôt ressembler à une révolution absolue comme en 1792 ou bien à une rupture avec ce théâtre des temps héroïques. Mais tout se décide à la fin des Trois Glorieuses et c’est une révolution dite « douce » à l’anglaise qui partiellement adopté. A l’extérieur les étrangers sont d’abord inquiets mais l’arrivée de Louis Philippe apaise les tensions. Toutefois des troubles s’effectuent en Belgique, Allemagne, Suisse mais surtout en Pologne et en Italie. L’esprit de Juillet a donc marqué tous les esprits. La dernière partie montre que dès qu’il y à un événement on veut s’en souvenir par des gestes héroïques comme « l’esprit de 89 » où plus récemment « l’esprit de mai 68 ». Pour beaucoup l’esprit de Juillet représente l’accomplissement de la Révolution de 1789-1791 mais pour les opposants de gauche, c’est un usage commun qui sert à dénoncer la trahison de gouvernement successif. Ces oppositions vont éclater lorsque Louis-Philippe décide d’instituer la Médaille de Juillet qui veut récompenser les hommes ayant œuvrés pour les Trois glorieuses. Mais deux conditions sont attachées cette médaille, l’homme doit prêter serment à la Charte et de plus cette médaille est porte à son revers la légende « Donné par le roi des Français ». Ces conditions rappel que trop peu la Charte octroyée par Louis XVIII. Cela montre un antagonisme entre les deux visions de l’esprit de Juillet, une plus monarchique et l’autre plus démocratique.

 Le second chapitre « Portrait du roi Louis-Philippe » est composé de deux sous parties respectivement nommées « Jeunesse et Formation (1773-1817) et « Sa situation en 1830 ». Louis Philippe accède au trône à l’âge de 57 ans et il veut une monarchie rénovée et raisonnée. La première partie qui conte sa jeunesse explique que Louis-Philippe est un prince de sang royal. En effet Louis-Philippe est titré duc de Valois (1773-1785), puis duc de Chartres (1785-1793) et c’est l’héritier de la branche cadette des Bourbons. Durant son enfance ses parents Louis-Égalité et Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon ne s’occupent guère de lui. Son éducation est confiée à Mme de Genlis que Louis-Philippe apprécie beaucoup. Elle lui apprend la vie moderne et en communauté. Cette éducation fait de lui un enfant modèle mais deux choses lui sont reprochés, la dissimulation et l’avarice. En 1789 il est révolutionnaire et adhère au club des Jacobins. Lorsque son sulfureux père Philippe-Égalité se fait guillotiner Louis-Philippe est choqué est condamné à une errance à travers l’Europe et le monde. Après la traversée de nombreux pays, il se pose pendant huit ans en Angleterre. C’est un voyage qui le comble et lui apprend beaucoup, il se marie ainsi avec une anglaise, Marie Amélie fille du roi Ferdinand fille du roi Ferdinand IV de Bourbon-Sicile. En tous Louis-Philippe passe vingt-cinq ans loin de sa patrie. La deuxième partie montre que lorsque Louis-Philippe rentre à Paris il à cultivé des réseaux et à rétablie sa position matérielle. En effet son père ayant fait « faillite », Louis Philipe en exil se trouve en mauvaise posture financière et connaît même la disette. Mais les anglais lui ont fait remonter les caisses et la Restauration va lui permettre d’amasser un patrimoine. De plus les fêtes données au Palais-Royal vont permettre de renforcer cette réussite matérielle et honorifique. En juillet 1830 il dispose ainsi de nombreux atouts, richesse, image moderne et séduisante, force et densité des réseaux parisiens notamment en milieu parlementaire.

 Le troisième chapitre « La nature du trône » est composé de trois sous parties nommées respectivement « Quoique Bourbon ou parce que Bourbon ? », « La Révolution du 7 aout » et « Mise en scène royale : une simplicité affichée ». Lors de l’investiture de Louis-Philippe en dix jours des choix sont fait sous la coupe de François Guizot et du duc de Broglie. La première partie soulève un quiproquo majeure à l’époque : le roi doit il régner « quoique Bourbon où parce que Bourbon ». Pour les partisans du «parce que Bourbon », il revient à dire que c’est le successeur des rois précédent. Cette idée est appuyée par les doctrinaires et le nouveau souverain. Mais cela suscite des moqueries car cela revient à dire que le roi est « quasi légitimiste et en un sens Valois. Pour les partisans du « quoique Bourbon », il faut un nouveau régime et ne surtout pas revenir à une forme d’Ancien Régime. En autre il faut transformer le pouvoir constituant à l’autorité parlementaire, ce qui signifie le triomphe de l’équilibre institutionnel. La deuxième partie sous le nom de « La Révolution du 7 aout » est un compromis brusqué par le roi et ses deux conseillers. En effet pour éviter de nouvelles tensions il est rédigé très rapidement un texte constitutionnel et le vote quelques jours plus tard de la Charte révisée. C’est une Charte qui se veut dans a forme très libéral et qui admet enfin que Louis-Philippe accède au trône « quoique Bourbon ». La Charte est une victoire de l’ordre légal sur l’arbitraire bourbonien. La révolution du 7 aout est se résume donc à un coup d’arrêt décisif porté au processus révolutionnaire et accomplie des principes de 1789. La troisième partie explique la façon dont le roi appréhende son investiture au pouvoir. En effet Louis-Philippe est un roi simple qui ne s’intéresse ni de la cour, ni des mondanités. Il aime rencontrer les gens populaires et d’ailleurs s’habille comme un simple bourgeois. Un exemple significatif montre que Charles X comptait des centaines de courtisans alors que Louis-Philippe n’en dénombre que 36. Mais cette simplicité s’efface peu à peu puisqu’il se veut reconnue et actif à l’étranger. De plus c’est un roi très riche qui ne cesse de faire son possible pour s’enrichir tant que possible.

 Le quatrième chapitre « Fragilité de la Monarchie de Juillet » est composé de quatre sous-parties respectivement nommées « L’usurpation », « Les légitimistes et la duchesse du Berry », « Républicains et bonapartistes », et enfin « La question religieuse ». La genèse très particulière du régime pèse des les premiers mois. La première partie montre l’usurpation réalisée par Louis-Philippe. En effet comme Louis-Philippe a accédé au  trône par une insurrection, le régime est contesté par les victimes du changement mais aussi par les premiers acteurs de celui-ci. Louis-Philippe est accusé d’illégitimité par sa gauche et par sa droite. Les légitimistes sont les plus déçues de ce nouveau régime. La deuxième partie se consacre donc au renforcement des légitimistes et de la duchesse du Berry pour réussir à renverser le roi. Quelques idées voient le jour durant cette période, la prise des armes où même une action parlementaire. Mais au final c’est l’idée d’un complot qui voit le jour soit l ‘enlèvement  du roi ou bien celui qui essaie de se mette en place avec le soulèvement de la duchesse du Berry. C’est un complot qui décapite les légitimistes et humilie la duchesse du Berry. La troisième partie met sur le devant de la scène les républicains et les bonapartistes. Les républicains dominent fortement sur les bonapartistes durant cette période mais une chose les relient, ils sont déçus par le régime. Ils font des manifestations mais cela n’aboutit à rien hors-mi une émeute de trois jours qui ne fait pas plus parler. La dernière partie s’attarde sur la question religieuse très mouvementée durant la monarchie de Juillet. Les militants anticléricaux profitent de cette insurrection, des lieux sont profanés. Le 14 et 15 février 1831 il y à la mise à sac de l’Eglise St Germain et de l’archevêché de Paris. Louis-Philippe devient alors le réformateur de l’Eglise et fait passer des lois. En bref Louis-Philippe n’est pas attaché à la religion et il n’y à plus de religion d’Etat.

 

Deuxième partie : La résistance

 Le cinquième chapitre « Bourgeoisie et romantisme » est composé de quatre sous parties respectivement nommées « Une créativité foisonnante », «  La production littéraire, reflet des rapports entre bourgeoisie et romantisme », « Dandys et lions » et enfin « Tentation de l’aventurisme et désir de reconnaissance politique et étrangère ». Le chapitre est consacré à la bourgeoisie qui entretient des rapports avec l’esprit romantique. La première partie montre le triomphe d’une classe sociale, la bourgeoisie avec l’essor artistique donnant l’avantage pour l’esprit romantique. Malgré cela une partie du peuple garde toujours un esprit conservateur en ce qui concerne l’art. Par exemple niveau de la musique Rossini perd de sa popularité au profit de Meyerbeer. La peinture met Delacroix sur le devant de la scène mais Ingres chute alors qu’en sculpture l’expressionnisme est rejeté. La seconde partie s’attache à donner la vision littéraire de l’époque qui donne encore plus le l’exemple d’un jaillissement créatif. Des auteurs tels que Hugo, Lamartine, Balzac, Stendhal, Musset ou Dumas sont très populaires. Avec l’assouplissement de la censure il y à un effet de libération des écrivains romantiques. La troisième partie « Dandys et lions » met en avant l’aspect « M’as tu vu » qui prévaut durant cette période. Les dandys et lions sont le parfait exemple d’un élitisme combattant de la vulgarité et de la bêtise. Le dandysme est une vision à l’anglaise très en vogue. La quatrième partie explique que la vogue romantique à mis en exaltation l’esprit patriotique cocardier. Cet esprit est nettement mis en avant lors de la crise polonaise qui montre cette opposition entre les deux sensibilités : pacifistes et interventionniste. Mais l’arrivée de Laffitte au pouvoir va changer la situation puisque le gouvernement ne veut pas de conflits et préfèrent rester à l’abri de toutes revendications extérieures. On note quand même une entente « franco-anglaise »

 Le sixième chapitre « Mouvement et résistance » est composé de trois sous parties respectivement nommées «  Le parti du mouvement », « La partie de la violence » et enfin « Le parti de la résistance ». Le chapitre explique les différentes parties en effet durant la Monarchie de Juillet, chaque sous-partie est consacrée à l’un de ces partis. La première partie est consacrée au parti du mouvement qui partage au début ces pouvoirs avec ses adversaires conservateurs. Louis-Philippe qui est plutôt du côté de la résistance veut tuer le parti du mouvement et c’est ce qu’il va réussir à faire. La deuxième partie est consacrée au parti de la violence qui est en total désaccord avec le régime en place. « La Société des Amis du Peuple » est l’organisation qui est la plus virulente durant cette période. Ce parti de la violence ne cesse d’enchainer des tentatives d’insurrection notamment lors de l’émeute parisienne du 5-6 juin 1832 où au Printemps 1834. Ces émeutes sont écrasés dans le sang est se soldent par un échec. Non affaiblies de ces échecs cela provoque un énervement pour le parti qui va tenter à plusieurs reprises des attentats et des régicides à l’encontre du roi. Le plus connu est l’attentat de Fieschi à l’été 1835. La dernière partie est consacrée au parti de la résistance qui voit à sa tête Guizot, Perrier et Broglie. Ils ne vont mettre que sept mois et demi pour parvenir à leurs fins. Casimir Perrier accède au pouvoir le 13 mars et dès lors le pouvoir se veut réactionnaire face aux tentatives de soulèvements. Même après le décès de Casimir Perrier, Guizot et Broglie continuent dans la même lignée et font passer de nombreuses lois et interdictions pour quoiqu’onques oserait défier le pouvoir. Il se veut avant tout le représentant de la classe moyenne et défenseur du peuple.

Le septième chapitre « La position respective des acteurs : un nouvel échiquier politique » est composée de trois sous parties respectivement nommées «  Renouvellement du personnel politique », « Les Gouvernants » et enfin « Le repli du roi ». La première partie montre que durant la période, il y à une épuration et une mutation des membres gouvernants. Il ne faut plus aucun homme politique qui serait associés à l’Ancien Régime. Louis-Philippe accorde tout de même une place à la noblesse de l’Empire, au fils de guillotinés. De plus il assouplit le droit de vote ce qui permet de le rendre assez populaire et de doubler le nombre d’électeurs. La deuxième partie explique que les personnalités qui se placent au sommet du pouvoir ont un caractère et des rôles extrêmement divers. Louis-Philippe veut réellement diriger au gouvernement et pour lui cela se traduit par la mise au pouvoir de chefs inoffensifs. C’est une idée qui ne peut se mettre en place car la création du triumvirat Broglie-Guizot-Thiers va fortement affaiblir le pouvoir de Louis-Philippe. C’est une période rude pour le roi des Français. La dernière partie « le repli du Roi » montre que le roi se veut moins présent sur la scène publique. Alors que Louis-Philippe est incarné comme un roi proche de son peuple, celui ci devient méfiant après les multitudes de tentatives de régicides et d’attentats effectués à l’encontre du roi. 

 

Troisième partie : les énergies sociales

 Le huitième chapitre «  La croissance démographique » est composé de trois sous parties respectivement nommées « Un monde rural majoritaire », « Une population urbaine en expansion » et pour finir « La France, terre d’asile ». Au XIXe siècle il y à un accroissement de la démographie atone, si bien que la France occupe la cinquième place au niveau des naissances. Mais entre 1815-1846, la France est à son niveau maximal et occupe la deuxième place en 1848. Cependant il y à des différences entre le monde urbain et rural. La première partie explique que le monde rural occupe une place importante dans la société c’est à dire 80% en 1830 et 75% en 1845. Il y à donc ¾ de ruraux mais cela ne veut pas dire ¾ de paysans. Les ruraux sont répartis selon différents corps de métier tel que l’industrie, les artisans et les personnes ayant deux métiers. De plus la France est de plus en plus parcourues par des migrants ruraux. La deuxième partie montre que la population urbaine sous la Monarchie de Juillet connaît également un essor démographique significatif et représente ¼ de la population. Cela s’explique par le modernisme et les flux migratoires. Mais cet entassement de population dans les villes provoque des logements et des lieux insalubres et la prolifération de maladies, tel que le choléra. La troisième partie explique que durant la période de la Monarchie de Juillet, il n’y a pas trop d’émigration car la population se sent bien en France. Cependant il y à une forte migration et on compte fin 1840, 4,5% d’étrangers qui viennent surtout pour des raisons économiques. Ces migrations sont favorisées par une bonne politique d’accueil.

 Le neuvième chapitre « Une population en effervescence » est composé de quatre sous parties respectivement nommées « Les agitations rurales », « Les mouvements ouvriers », « Le féminisme » et pour finir « La jeunesse comme force autonome ». Entre 1830 et 1848 les foyers d’agitation sociale ont été nombreux France. La première partie montre que les nombreuses agitations rurales sont liés au disettes qui surgissent périodiquement notamment à trois périodes différentes 1832, 1840-1841 et 1846-1847. La seconde partie qui s’attache au mouvement ouvrier montre que la Monarchie de Juillet inaugure l’ère industrielle et de ce fait il y à de plus en plus de mouvements ouvriers. Des juillet 1830 il y à une multiplication des grèves et en 1831 l’épisode des canuts lyonnais explique bien cette idée. La troisième partie montre que la Monarchie de Juillet est l’époque de l’avènement du féminisme. C’est un facteur d’émancipation des femmes mais les restrictions légales en matière de droit de presse et d’associations vont limiter cette émancipation.

 Le chapitre dix «  Le foisonnement des idées » est composé de cinq sous parties respectivement nommées « L’heure de la reconnaissance  officielle pour la philosophie », « Utopies et socialismes », «  Le Saint Simonisme », « Le catholicisme libéral » et enfin « Les dérives du paranormal ». Ce chapitre montre que la Monarchie de Juillet est très riche intellectuellement. La première partie montre que la philosophie se développe en même temps que le pouvoir politique. C’est une philosophie d’Etat qu’on apparente à un « gouvernement des esprits ». Il y à deux courants philosophiques, le spiritualisme et le rationalisme. La deuxième partie montre que des organisations prétendent résoudre les maux de la société, c’est à dire le socialisme. Cela se traduit de deux façons, une plus rationnelle que l’autre. Mais le socialisme est plutôt utopique qui est le plus présent (phalanstère, théorie des mouvements). La troisième partie s’attache au Saint Simonisme qui est égal à une grande famille de socialisme utopiques qui à exercé beaucoup sur les politiques. Malheureusement elle connaît une dérive sectaire. La quatrième partie montre que le catholicisme connaît un important renouvellement avec notamment des hommes comme Lamennais ou Montalembert. Ils veulent relier la cause catholique à la défense de toutes les libertés. En Province on essaie également du renouveau avec Ballanche. La cinquième partie montre que toutes ces idées créer également un contexte de superstitieux et de paranormal. Le magnétisme, l’ésotérisme, les tables tournantes sont très en vogue à l’époque. Le plus fascinant c’est que les intellectuels sont très intéressée pat ce domaine du paranormal et que la presse en fait un objet de rédaction.

 Le onzième chapitre « Le difficile renouvellement des élites » est composé de quatre sous parties respectivement nommées « Une noblesse boudeuse mais présente », « L’ascension bourgeoise », «  Les intimes du pouvoir » et enfin « L’homme qui incarne le renouveau : le duc d’Orléans ». Les énergies sociales sont au sommet de la société. La première partie montre qu’une partie de la noblesse préfère l’Ancien Régime mais veille à garder un entre soi pour garder une place dans le pouvoir. La deuxième partie montre que ce régime met en avant la bourgeoisie qui est une sorte de nouvelle aristocratie. Il existe plusieurs sortes de bourgeoisie comme la bourgeoisie d’affaire, d’Ancien Régime où universitaire qu’on regroupe dans la bourgeoisie parisienne. Il existe également d’autres strates de la bourgeoisie qui occupe une moindre place dans la société. La troisième partie explique que le roi sait attirer un monde autour de lui qu’il lui serve de confident. Des noms coutumiers ressortent tels que Dupin, Camille de Montalivet mais d’autres plus passager tel que le duc de Galiera où les frères Bertin. La quatrième partie est consacrée au fils du roi, le duc d’Orléans. C’est un homme de gout qui achète des œuvres et porte de l’importance à l’art. L’héritier présomptif constitue donc du renouveau et fédère autour du roi une garde intellectuel et artistique.

 

Quatrième partie : Une croissance vigoureuse

 Le douzième chapitre «  La mise en place d’une économie moderne » est composée de quatre sous parties respectivement nommées « L’abondance des capitaux », «  Le machinisme et le progrès », «  Le modèle anglais » et enfin « Le cadre légal et étatique ». La première partie montre que l’abondance de capitaux est surtout du à l’époque à l’industrie mais à une industrie de biens de consommations. L’autre idée mis en avant explique que le réseau bancaire est émiettée et demeure plutôt précaire. La deuxième partie met un lien entre le machinisme et le progrès dans le domaine économique et sociale notamment avec l’essor de la production charbonnière. On voit apparaître d’autres inventions mais qui ne constitue pas un objet économique tel que l’invention de l’appareil photo. La troisième partie s’intéresse au modèle anglais qui est très cher dans le cœur de Louis-Philippe. Il est fasciné par l’Angleterre qui détient une longueur d’avance sur tous ses concurrents. Le roi et la population essayent d’ailleurs de s’en inspirer. La dernière partie montre que le régime orléaniste à contribué à l’essor capitaliste en encourageant la création d’entreprises, en limitant les conséquences de la faillite, en trouvant un nouvel équilibre entre les droits des inventeurs et les intérêts de la société et en faisant quelques timides entorses libre-échangistes au système protectionniste dominant.

 Le treizième chapitre « Le transport pour décloisonner la société » est composé de trois sous parties nommées respectivement « Les infrastructures traditionnelle », « L’aventure des chemins de fer » et enfin « La mobilité des denrées, des services, des hommes et des idées ». Les pays s’ouvrent les uns aux autres grâces à des réseaux de transports de plus en plus nombreux et c’est une révolution des transports qui s’amorce. La première partie montre que dans la décennie qui à précédée la Révolution de Juillet il y à déjà une première vague de modernisation. Le régime orléaniste donne un souffle à ce programme et encourage une planification des travaux et une augmentation du financement par l’Etat. La seconde partie montre que même si les chemins de fer occupent une place importante cela met dix ans à se développer. Le transport est d’abord favorisé dans le transport des marchandises mais ce qui concerne le reste le gouvernement se montre hostile au développement des réseaux. La dernière partie explique que l’alimentation a aussi profité de l’amélioration du réseau. Mais c’est un réseau peu homogène car c’est l’époque des premiers essais. Les transports ont aussi améliorés les migrations des habitants de campagnes dans le cadre de déplacement professionnel. Pour finir les pays tout entier se trouve décloisonnée par l’amélioration de son réseau de transports et l’ensemble des vecteurs de la mobilités marchandes, humaines et intellectuel.

 Le quatorzième chapitre « Presse » est composé de trois sous parties respectivement nommées « Avancées techniques », « Une politique d’édition et de diffusion novatrice » et pour finir « Journaux et journalistes ». Le chapitre explique que l’essor spectaculaire de la presse sous la Monarchie de Juillet sert de déclencheur à une véritable révolution culturelle qui place les journaux au cœur de la vie quotidienne des Français, au point d’en faire, durant un siècle, le vecteur principal d’éveil et d’information destiné au plus grand nombre. Lié dans un premier temps au subit assouplissement du cadre légal qui découle des Trois Glorieuses, cet essor perdure après 1835, alors qu’une législation rigoureuse encadre dorénavant mes journaux jusqu'à la chute du régime. Si les perfectionnement techniques ont joué leur rôle, la métamorphose de la presse et surtout venue de certaines audaces dans la politique d’édition et de diffusion ainsi que du talent original de certains hommes de plume.

 Le quinzième chapitre « L’urbanisation » est composé de trois sous parties respectivement nommées « Les transformations de Paris et des grandes villes », « Le niveau vies des français » et pour finir « Les loisirs ». Le chapitre explique que si la France de la monarchie de Juillet donne l’impression de connaître une croissance vigoureuse, c’est aussi en raison du dynamisme nouveau de son urbanisation. Alors que le développement des grandes villes s’était fortement ralenti depuis un demi-siècle, reléguant la brillante expansion du siècle des Lumières au rang de lointain souvenir, un souffle positif court à nouveau après 1830, qui prépare le triomphe de la civilisation urbaine. Prémices d’une architecture et d’un urbanisme adaptés aux temps nouveaux, mais aussi modes de vie typiquement métropolitains, en partie fondés sur le développement des loisirs, sont autant d’aspects caractérisant cette révolution lente et discrète, que se profile dès les années 1830.

 

Cinquième partie : Les contradiction de l’époque

 Le seizième chapitre « La réconciliation des Français » est composé de quatre sous parties respectivement nommées « L’exaltation de l’histoire nationale », « Les monuments et les arts, outils symboliques », «  La réconciliation religieuse » et enfin « La paix à tout prix ». Le chapitre explique que le cap est d’autant plus difficile à déterminer pour les responsables du pays que les tensions ne se limitent certes pas aux seuls dysfonctionnements sociaux engendrés par l’industrialisation. Quantité de clivages, bien antérieurs à cette dernière et issus d’un passé souvent lointain, continuent de produire leurs effets et d’opposer les Français les uns aux autres avec une acuité redoutable. En 1830, ces antagonismes mémoriels complexes ont facilité l’avènement de la monarchie de Juillet, tout en menaçant simultanément de produire d’autres séismes, potentiellement aussi déstabilisateurs. Les orléanistes au pouvoir ont pris la mesure du danger lancé toute une série d’initiatives, afin de désarmer les préventions mutuelles et de tenter vaille que vaille de ressouder l’unité du pays. Aucun champ d’intervention n’a été négligé pour parvenir au but fixé.

 Le dix-septième chapitre « Les aspirations sociales » est composée de quatre sous parties respectivement nommés « Evaluation des besoins, enquêtes statistiques », « L’engagement charitable », « Les parias de la société » et enfin « L’abolition de l’esclavage : une occasion manquée ». Le chapitre explique que face aux bouleversements de la société industrielle et à une misère qui devient plus visible, le besoin se fait sentir d’analyser cette situation nouvelle par des enquêtes minutieuses menées sur le terrain, tandis qu’un nombre croissant d’hommes et de femmes décident d’agir concrètement pour soulager les plus nécessiteux ; il n’est pas jusqu’au sort des plus marginaux, malades et vieillards des hospices, prisonniers, esclaves, qui ne préoccupe les esprits généreux de la société du temps.

 Le dix-huitième chapitre « Le dynamisme des patrons » est composée de trois sous parties respectivement nommés « Les expositions des produits de l’industrie », «  Recrutement et formations » et pour finir « Une catégorie à part : banquiers et financiers ». Loin du tumulte engendré par la révélation de la misère sociale, de nombreux patrons et hommes d’affaires parviennent, à force de travail et d’âpreté au gain, à une prospérité insolente, encore nouvelle pour l’époque ; si un tel décalage, à terme, est propre à exacerber les tensions, il suscite dans l’immédiat un effet de curiosité pour ces nouveaux riches, parvenus dans la société de Juillet, et pour leurs productions industrielles à la pointe de la modernité.

 Le dix-neuvième chapitre « Des précurseurs timorés » est composé de trois sous parties respectivement nommées « Timidité de la législation sociale », « L’enseignement pour tous selon Guizot » et enfin « La conquête imparfaite de l’Algérie ». Alors que la réconciliation des Français apparaît plus difficile que prévue, et que de nouveaux antagonismes sociaux se greffent sur des rivalités plus anciennes, la monarchie de Juillet s’attache à ouvrir d’importants chantiers, susceptible d’apaiser les tensions par les perspectives offertes.  Certains sont prestement abandonnés, à l’image de la liberté de la presse, étouffée dès 1835 comme trop subversive. D’autres, tels que l’urbanisation de Paris, sont cantonnés pour l’essentiel dans les bornes étroites de l’amélioration technique, faute d’une grande vision capable de se projeter dans l’avenir : Haussmann viendra plus tard. Pour trois dossiers capitaux, en revanche, à savoir la législation sociale, l’instruction publique et la conquête de l’Algérie, une réflexion bien plus ambitieuse s’engage, qui porte en elle-même de profonds bouleversements. Cette réflexion  aboutit à des réalisations concrètes d’une grande importance, néanmoins marquées à chaque fois par une sorte d’inachèvement frileux, comme si le régime avait pressenti et voulu freiner les effets incontrôlables de ce qu’il avait lui-même mis en branle.

 

Le sixième partie « Les tournants du régime » est composé de quatre chapitre du vingtième au vingt-quatrièmes qui se déroule par ordre chronologique avec la crise du régime parlementaire de 1836 à 1839, une laborieuse stabilisation de 1839-1842, la dynastie fracassé en 1842 et enfin la déstabilisation de 1846.

La septième partie nommée « La conjugaison des crises » est composée de trois chapitres qui clôture le livre. Le régime est finalement atteint par la conjonction de deux phénomènes interdépendants : tandis que la récession économique sert de terreau favorable à partir de 1846, la crise politique et morale qui se développe dans son sillage s’aggrave brutalement l’année suivante au point de rendre presque attendu le retour d’un processus révolutionnaire. Les derniers chapitres expliquent le renversement de la conjoncture économique, la crise politique et morale et enfin la fatalité des journées révolutionnaires.

 

Critique du livre

 La Monarchie de Juillet de Gabriel de Broglie est un ouvrage de référence sur le sujet du même nom. La Monarchie de Juillet est une période importante durant le cycle contemporain, mais un sujet qui peut sembler difficile à comprendre. Ce livre est l’outil à lire si on veut comprendre dans les moindres détails tous les aspects de la Monarchie de Juillet. Les parties sont très bien construites et les chapitres qui les composent sont aérer et plutôt courte, ce qui permet une compréhension et une accessibilité à tous. Ce qui est vraiment intéressant se trouve dans le style d’écriture qui est moderne et reprend en même temps des citations et expressions des contemporains de cette époque. Des citations qui peuvent faire l’objet d’exemples durant un devoir.

Cependant la seule critique à émettre est l’importance de sous parties dans un chapitre qui font ralentir la lecture et apporte un peu trop d’informations.

 

Citations :

 

  • « Ce n’est qu’un feu de pailles qui produira que de la fumée »
  • « Quand Paris éternue l’Europe s’enrhume »
  • « Nous réussîmes à écarter toute lenteur, tout vain débat ; en deux séances, la Charte fut modifiée ; en huit jour, la Révolution fut close et le gouvernement établi »
  • « le temps et les événements nous pressaient trop pour que nous nous arrêtions à des subtilités »
  • « Souvent des gens à béquille prétendent étayer les monarchies croulantes »
  • « Si je n’ai pas vaincu pour la Patrie au moins je peindrai pour elle »
  • « J’irai m’asseoir au plafond, je ne vois pas de places pour moi dans aucun groupe »
  • « Je me tient fort à l’écart du ministère dont la marche me paraît molle, et que je voudrais plus hardi dans la voix de la liberté »
  • « Le jour où Louis-Philippe tombera du trône, il ne sera pas maître d’école, comme Denys Syracuse, mais épicier »
  • « on ne fait pas de bonne politique avec de bons sentiments »
  • « Perier est mort, est ce mal ? » 

 

Ouvrages sur le même thème

 

AUSSEL Michel,  Nantes sous la monarchie de Juillet 1830-1848 du mouvement mutualiste aux doctrines utopistes, Nantes Ouest èd, 2002

 

BOUVET Marc, Conseil d’État sous la Monarchie de juillet, Paris LGDJ, 2001

 

MALLARD Francis, Les électeurs du département de la Mayenne sous la Monarchie de Juillet, Nantes Université de Nantes, UFR d’Histoire 1972

 

ROBERT Hervé, La Monarchie de Juillet, Paris Presses universitaires de France impr. 1994

 

ROUSSELET Marcel, Magistrature sous la monarchie de Juillet, Paris Librairie du Recueil Sirey, 1937

 

TURC Sylvain, Les élites grenobloises des Lumières à la monarchie de Juillet, La Pierre et l’Ecrit, Janvier 2009

 

VIGIER Philippe, La Monarchie de Juillet, Paris PUF, 1962

 

 

 

 

20 décembre 2015

Maxime GRONDIN: Histoire de la Restauration 1814-1830, Naissance de la France moderne

20 décembre 2015

Fiche lecture : Histoire des idées politiques en

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Fiche lecture : Histoire des idées politiques en France au XIXe siècle de Jérôme GRONDEUX

 

GRONDEUX Jérôme, Histoire des idées politiques en France au XIXè siècle, La découverte, Repères, Paris, 1998

 

Présentation de l'auteur :

 

Jérôme Grondeux, né en 1965 est un historien français. Il passe son doctorat en 1994 avec sa thèse : Ecrire et faire l'Histoire : la pensée catholique sociale de Georges Goyau jusqu'en 1914. Il devient alors maître de conférence à l'université Paul Valérie-Montpellier III puis à l'université Paris-Sorbonne (Paris IV), à Science-po Paris, ainsi qu'à l'Institut catholique de Paris en 1997. En 2008, il écrit son mémoire pour l'habilitation à diriger des recherches : Raison, politique et religion au XIXe siècle : le projet de Victor Cousin. Il est donc spécialisé en sciences politiques du XIXème et XXème siècle. Ensuite, il est nommé Inspecteur Général de l'Education Nationale en 2014. Il quitte alors son poste de professeur à la Sorbonne. Il a publié entre autre :



La France entre en République 1870-1893, Paris, Le Livre de Poche, 2000.

La Religion des intellectuels français au XIXe siècle. Essai sur les origines de la modernité religieuse, Toulouse, Privat, 2002.

 

Table des matières :

 

I/ Refonder ou conserver ?

  1. Trois refondateurs : Maistre, Saint-Simon, Fourier

Maistre et Saint-Simon : deux lectures de la Révolution française

Quelle place pour les producteurs

Réorganiser l'Europe

Le rôle de la religion

Charles Fourier : successeur de Newton ?

    1. La pensée ultraroyaliste

Bonald un sociologue contre-révolutionnaire

Le Journal des débats et le Mercure de France

Le projet politique ultra

    1. Une postérité conservatrice : l'évolution politique de romantisme religieu

Un conciliateur méconnu : Ballanche

Lamennais ou l'éclatement d'une pensée conservatrice

L'influence mennaisienne

 

II/ Implanter les libertés

  1. Le libéralisme d'opposition

Le legs des idéologues

Madame de Staël et Benjamin Constant

La Fayette ou la constance libérale

    1. Les doctrinaires : un centre

Royer-Collard, figure de proue

Les principes de Royer-Collard

Convictions doctrinaires

    1. Anticléricalisme et refus de la théocratie : une convergence libérale

Un anticléricalisme aristocratique et monarchiste

Paul-Louis Courier, pamphlétaire anticlérical

L'union libérale contre la loi du sacrilège (1825)

 

III/ Vers un ordre démocratique ?

  1. Démocrates révolutionnaires et démocrates réformistes

Du babouvisme au blanquisme

Vues sociales du « partie républicain »

Le suffrage universel, solution politique de la question sociale ?

    1. Les libéraux face aux aspirations démocratiques

1830, une Glorious Révolution française ?

Le libéralisme est-il compatible avec la démocratie ? Guizot et Tocqueville

    1. La confluence quarante-huitarde et l'heure du bonapartisme

Les quarante-huitards : intuitions et faiblesses

Le bonapartisme, une solution française ?

 

IV/ Enfanter l'avenir

  1. Les saint-simoniens

L'avenir des saint-simoniens

De l'utopie à l'innovation

    1. Le socialisme utopique : fouriéristes et cabétistes

Tentatives fouriéristes

L'avenir d'Etienne Cabet

Cabet entre socialisme politique et socialisme utopique

    1. Les philosophies de l'histoire, liens entre le présent et l'avenir ?

Une philosophie française socialiste de l'histoire avec Marx ?

Le projet comtien

L'implantation du marxisme en France

 

V/ Le prolétariat, constructeur d'un nouvel ordre politique ?

  1. Proudhon, serviteur désintéressé du prolétariat

« La propriété, c'est le vol » (1840)

Solutions proudhoniennes

Le refus de l'action politiques

Proudhon et Marx

    1. Sortir de la décadence : Georges Sorel

Une pensée « fin de siècle »

Le mythe mobilisateur

Sorel et l'Action française

    1. Le syndicalisme révolutionnaire

Le refus de l'union avec le socialisme politique

L'anarcho-syndicalisme et la grève générale

 

VI/ Trouver place dans la démocratie

  1. Heurs et malheurs du libéralisme

« Le mal français » des libéraux

Quinet, Ferry et le libéralisme républicain

La seconde démocratie chrétienne, un partenaire pour les modérés ?

L'affaire Dreyfus, pierre d'achoppement des modérés

    1. Une « démocratie des démocrates » ?

Une morale politique laïque pour la république : le solidarisme

« Donner une âme à la démocratie » : le Sillon

Le réformisme socialiste, implicite ou explicite ?

    1. Le nationalisme, dans ou contre la démocratie ?

Le nationalisme, idéologie de troisième voie

Quelle France aiment-ils ?

 

 

Résumé général :

 

Cet ouvrage nous donne une vision de toute les idées politiques du XIXème siècle. Entre Saint-Simon, Fourier, Maistre, Blanqui, Blanc, Guizot. De plus, il nous donne aussi les mouvances libérales, républicaines et nous explique le marxisme. Ensuite, on prend connaissance de l'avenir et de l'héritage de ses pensées.

 

 

Résumé du chapitre 1 :

 

Il nous expose les idées de trois refondateurs : Maistre, Saint-Simon et Fourier. Joseph de Maistre et Saint-Simon ont des lectures différentes de la Révolution française. Le premier, ultramontain, pense que c'est à cause des lumières. Il conseil de restreindre l'enseignement et se tourne vers le pouvoir pontifical. Le second est proche des libéraux et se rattache au XVIIIè siècle philosophique. Il veut une unité politique en Europe. Fourier lui, est un socialiste utopique qui est à l'origine de la théorie du phalanstère. Ensuite, le projet politique ultra, avec Joseph Fiévée, consiste a décentraliser le pouvoir, en redonner à l'aristocratie terrienne et au clergé, être contre la liberté de la presse et sont aux origine du parlementarisme (car majoritaire à la chambre). Le romantisme religieux mené par Chateaubriant, Ballanche et Lamennais (conciliateurs entre libéralisme et catholicisme), Lamartine, et Victor Hugo affirme la tradition et le sentiment, et est contre le rationalisme des lumières.

 

Résumé du chapitre 2 :

 

Ce chapitre évoque le libéralisme d'opposition, Madame de Staël et Benjamin Constant reviennent après l'Empire en tant qu'opposant et leur libéralisme les incite a accepter la monarchie. Tout deux sont des auteurs reconnu et publient des ouvrages sur la liberté des temps Ancien. Autre figure du parti libéral, La Fayette ne croie pas en la monarchie libérale. Au centre, il y a Royer-Collard, figure des doctrinaires, pour lui il faut séparer la monarchie de l'Ancien Régime, la restauration des privilèges doit être combattue. Aussi, d'abord contre la liberté de la presse, il devient de plus en plus libéral sur ce sujet là. La politique des doctrinaires doit être rationnelle, concilier l'ordre et la liberté. Pendant son règne, Charles X « heurte de front tous les libéraux » car il refuse une lecture parlementaire de la Charte. Les libéraux refuse la théocratie, ils sont anticléricaux. Paul-Louis Courier incarne l'anticléricalisme en France. On voit en 1825 une union libéral contre la loi du sacrilège.

 

Résumé chapitre 3 :

 

Gracchus Babeuf souhaite un communisme agraire par l'Etat, pour une égalité entre les citoyens. Pour Auguste Blanqui l'égalité prime sur la liberté, c'est pour ça qu'il veut faire un coup d'Etat pour l'établissement des libertés de condition. Il est un représentant de l'anticléricalisme républicain. Le parti républicain avait l'idée de négociations entre employeurs et patrons, d'une journée de travail de 12h maximum. Louis Blanc rejoint les idée de Blanqui. Guizot et Tocqueville quand à eux rejettent la violence révolutionnaire et pensent qu'il faut prendre en compte le progrès des sociétés. Tocqueville pense dans les années 1830-1840, qu'il assiste à l'émergence d'une société démocratique. Aussi, Louis Napoléon Bonaparte veut réconcilier la France après 1848 et veut une administration centralisée.

 

Résumé chapitre 4 :

 

Ce chapitre nous indique l'avenir des différente pensé vue avant, c'est-à-dire l'héritage de Saint-Simon et de Fourier. Le saint-simonisme arrive après la mort de Saint-Simon, ils ont l'idée que la société doit être dirigée et organisée par des travailleurs. De plus, une association européenne a été crée, avec une monnaie commune. Les fouriéristes étaient plus libertaires que les saint-simoniens. Cabet suit les idées de Babeuf mais sans vouloir de violence. Ils pensent qu'il faut préparer et éduquer l'opinion. De plus, Auguste Comte veut confier le gouvernement aux experts, il sera alors technocratique et rationnel.

 

Résumé chapitre 5 :

 

Pierre-Joseph Proudhon a l'idée que « La propriété c'est le vol » : les besoins d'une société sont supposés fixes alors que le but d'une société concurrentielle est de produire plus. La concurrence est facteur de misère et non de progrès. Il veut changer l'organisation de la société et en 1849 il essaie d'organiser une « banque du peuple » pour donner des capitaux sans intérêt aux travailleurs. Proudhon est une référence pour un socialisme non marxiste, il se rapproche des socialistes utopiques. Pour lui « la famille est la sphère de l'autorité ». Georges Sorel conserve du marxisme l'idée de lutte de classes mais le refuse comme « socialisme scientifique ». Aussi, au début du Xxème siècle, la CGT a pour but « l'abolition du salariat et du patronat ». Avec Proudhon et Sorel, la pensée politique en France se tourne vers les ouvriers.

 

Résumé chapitre 6 :

 

Prévost-Paradol dans la mouvance orléaniste à des convictions libérales. Il est d'abord contre le suffrage universel et pense ensuite à le limiter. Il se rapproche ensuite du catholicisme libéral en gardant des sympathies pour le protestantisme. La suite de ce chapitre traite sur le libéralisme républicain et la laïcité comme option du libéralisme (thèse de Ferry). L'affaire Dreyfus est exposée. Apparait ensuite l'idée de nationalisme.

 

 

Critique de l'ouvrage :

 

Tout d'abord, Histoire des idées politique en France au XIXè siècle de Jérôme Grondeux apporte beaucoup de connaissance sur les idées des partis politiques étudiés, ainsi que sur des personnages important comme Guizot ou Royer-Collard et permet d'approfondir et de mieux comprendre certain côté du cours. Aussi, l'auteur est un professeur reconnu de l'université Paris-Sorbonne, et Inspecteur Général de l’Éducation National, on peut alors dire que l'ouvrage est véridique. Cependant, pour profiter un maximum de ces connaissances il faut déjà connaître le cours et la base du XIXè siècle. Relativement facile à lire, un dictionnaire est tout de même utile pour certains termes (mais très peu). Il n'y a pas de notes de bas de page ce qui facilite aussi la lecture. Cependant étant un livre de poche, les caractères sont petits et sur certaine sous-partie encore plus petits. De plus, ce livre est très bien organisé et permet d'aller directement à la partie ou au paragraphe souhaité grâce à la table des matières.

 

 

Bibliographie du même thème :

 

GIRARD Louis, Les Libéraux français, 1814-1875, Aubier, Paris, 1985

LAGOUEYTE Patrick, La Vie politique en France au XIXè siècle (préface de HUARD Raymond), Ophrys, Gap/Paris, 1989

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